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Migrants : Pourquoi l’Allemagne desserre l’étau européen

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Migrants : Pourquoi l’Allemagne desserre l’étau européen

Crédit photo Étienne Cassagne
A rebours de plusieurs de ses voisins, la république fédérale entend faciliter l’accueil et l’intégration des réfugiés en provenance d’Afghanistan, dont le nombre est en augmentation depuis le retour au pouvoir des talibans.

C’est une excellente nouvelle pour les demandeurs d’asile en provenance d’Afghanistan. Selon une évaluation du ministère fédéral de l’Intérieur, les voilà considérés, depuis la fin 2021, comme disposant de « bonnes perspectives de séjour en Allemagne ». Dans les faits, les réfugiés fuyant leur pays en guerre et le retour au pouvoir des talibans bénéficieront d’une meilleure protection et d’un accès facilité aux « cours d’intégration » dispensés par les programmes gouvernementaux, lesquels incluent, outre l’apprentissage de la langue, ceux de « l’histoire et des coutumes allemandes ».

L’Afghanistan rejoint ainsi la classification interne adoptée pour la Somalie, l’Erythrée ou la Syrie, à l’heure où certains pays européens comme le Danemark travaillent activement à supprimer le droit d’asile, en autorisant par exemple les expulsions de migrants syriens. D’autres, comme la France, ont ces derniers mois baissé de manière significative leur taux de délivrance du statut de réfugié politique accordé aux Afghans, lequel est passé de 90 % à 70 % environ.

Des considérations démographiques et politiques

Dès la mi-novembre 2021, c’est le ministre du Travail Hubertus Heil (SPD, sociaux-démocrates) qui avait ouvert la voie en accordant aux demandeurs d’asile entrés dans le pays après le 1er août 2019 l’accès à ces cours de langue et d’intégration dont son ministère a la charge. Car la « générosité » allemande répond avant tout à des considérations économiques liées à sa population vieillissante, une natalité faible et un cruel besoin de main-d’œuvre. « Nous avons 300 000 emplois à pourvoir aujourd’hui, et nous nous attendons à ce que ce chiffre grimpe encore pour atteindre un million, voire plus. Si nous ne comblons pas ce manque, nous aurons de sérieux problèmes de productivité », a prévenu le ministre de l’Economie Robert Habeck à l’occasion d’une conférence de presse tenue le 11 janvier dernier, ajoutant que le recours à une plus grande immigration sera essentiel pour éviter ces « graves pénuries » qui touchent de nombreux secteurs, du tourisme à l’industrie en passant par le bâtiment et les services.

L’étau s’est également desserré pour des raisons électorales, après le scrutin législatif organisé à la fin du mois de septembre dernier, qui laissait craindre une nouvelle flambée du parti d’extrême droite AfD. Sur fond de sondages indiquant que deux tiers des Allemands redoutaient avec l’Afghanistan une répétition de la « crise migratoire » de 2015, lorsque le pays avait décidé d’accueillir près d’un million de réfugiés en provenance de Syrie. « Les événements tragiques [à Kaboul, ndlr] ont pour résultat une discussion toxique autour de l’immigration », expliquait alors Karl Kopp, directeur pour les affaires européennes de l’ONG Pro Asyl : « Quand les réfugiés entendent le récit négatif selon lequel 2015 ne doit pas se répéter, ils s’inquiètent de lois plus dures sur l’immigration après les élections, et ces peurs sont justifiées. » Mais la percée tant redoutée de l’AfD s’est au contraire transformée en net recul, avec un total de 83 députés, soit une perte de 11 sièges, tandis que l’on a assisté à une hausse significative des Verts (118 députés, soit 51 sièges de plus), dont est issu Robert Habeck, qui occupe également le poste de vice-chancelier.

L’Allemagne demeure cependant bien seule dans sa politique d’accueil, alors que ses voisins de l’Est – Pologne et Hongrie en tête – s’activent pour cloisonner les frontières extérieures du continent européen en multipliant patrouilles et en érigeant murs et barbelés. « La convention de Genève est devenue inexistante en Pologne », et « les dictateurs gagnent aussi quand des Etats de droit en arrivent à bafouer la Convention sur les droits des réfugiés », prévient encore Karl Kopp.

… et d’ailleurs

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