Je ne veux pas te regarder. N’insiste pas, vraiment. Laisse-moi tranquille. J’ai envie de me laisser happer par mes souvenirs, longue pellicule déroulante de ma mémoire, photos jaunies aux coins racornis. Mes yeux restent obstinément fermés, et tu crois tristement que je ne veux pas te voir. Non, Flore, ce n’est pas ça. Mais quand je te regarde, ton visage se superpose à d’autres. Tu as un peu le sourire d’Edmonde, ma douce tante, et la coiffure d’Agathe, mon adorable petite-fille, et les yeux d’Ophélie, mon amie de jeunesse. Alors, pour mieux me rappeler de chacune d’entre elles, il faut que je t’efface, j’ai besoin de me concentrer tu comprends, parce que tout se mélange, ton visage et les leurs, ton sourire et leurs regards.Je ne veux plus que tu prennes soin de moi. Et pourtant, j’aime quand tu me berces de ta voix et de tes mains. J’aime ta douceur et tes murmures autour de moi. J’aime tout autant t’entendre rire à l’autre bout du couloir, tu as le rire sonore et généreux, le rire de ta jeunesse. Il me fait du bien, ton rire, il me rappelle celui d’Ophélie. Je t’ai déjà parlé de ma douce amie ?Je me laisse porter par tes sonorités, murmure délicat et rire éclatant, et tes mots…
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