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Enfant de personne, gamins de tout le monde

L’incarnation est un outil à manier avec précaution. Surtout quand elle prétend servir de grands idéaux. C’est à ce type de réflexion que pousse le visionnage de L’enfant de personne, diffusé le 15 novembre sur France 2. Ce téléfilm s’inspire du parcours de Lyes Louffok, enfant placé devenu éducateur, qui a publié en 2014 aux éditions Flammarion un témoignage au titre explicite : Dans l’enfer des foyers.

Au miroir déformant des entretiens qu’il accorde fréquemment dans la presse généraliste, Lyes Louffok critique sans aucune retenue l’aide sociale à l’enfance (ASE) et la protection judiciaire de la jeunesse (PJJ). Il pourfend un modèle social dans lequel « les liens du sang ont été sacra­lisés » et déplore que l’on « retrouve cette doctrine dans la manière dont on accompagne les enfants placés ». C’est en véritable héraut de ces gamins ballottés de familles d’accueil en foyers qu’il prend à témoin l’opinion publique, l’appelant à rejeter la tristesse pour convoquer la colère, qui doit à ses yeux viser en premier lieu l’Etat, mais aussi les élus départementaux.

Le système médiatique est ainsi constitué qu’un « bon client » comme Lyes Louffok finit par devenir le visage même de la cause qu’il défend, au risque de la voir disparaître. Indéniablement, il a porté seul cette cause quand elle n’intéressait encore personne.

Il ne s’agit pas ici de critiquer le combat d’une vie, mais de questionner la méthode pour parvenir à rendre moins cruel le sort de dizaines de milliers d’enfants, français comme étrangers, pris en charge par les services sociaux. Car les éducateurs spécialisés, les assistantes sociales, les aides médico-psychologiques, les juges des enfants… peuvent basculer dans la maltraitance institutionnelle à leur corps défendant. A force d’être méprisés et sous-financés, les services qu’ils représentent ne sont plus en mesure de pleinement jouer leur rôle d’amortisseur social.

Comment échapper à cette impasse médiatique et peser sur le réel ? Peut-être en encourageant urbi et orbi la mobilisation de ces mêmes acteurs. Un appel à un débrayage national vient d’être lancé pour le 7 décembre prochain. Bonne nouvelle : cette mobilisation a été relayée par Lyes Louffok ces derniers jours.

Éditorial

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