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L’Eglise et les lois de la République

330 000. C’est le chiffre, vertigineux, des victimes d’abus sexuels perpétrés au sein de l’Eglise de France, des années 1950 à nos jours. Une estimation probablement sous-estimée, les personnes abusées choisissant souvent de se taire. Quand elles ne sont tout simplement pas capables de prendre la parole. Sous la houlette de Jean-Marc Sauvé, le travail de la commission indépendante chargée de placer ces faits sous une lumière crue ouvre un abysse sociétal.

Le rapport pointe des crimes pédophiles systémiques. Dans un état laïc, il y a là de quoi demander des comptes à la hiérarchie catholique. Et d’abord d’un point de vue éthique : Eric de Moulins-Beaufort, le président de la Conférence des évêques de France, déclare que « le secret de la confession est plus fort que les lois de la République ». La loi de 1905 sur la séparation de l’Eglise et de l’Etat est pourtant claire : les membres de congrégations religieuses ne bénéficient d’aucun régime d’exception. Une attitude qui coïncide avec la tradition de l’institution pointée sans ménagement par le rapport « Sauvé ».

Il est aussi pertinent de se poser une question : les valeurs du catholicisme sont-elles compatibles avec la République ? Sa doctrine sur la diabolisation de la sexualité, du plaisir et de l’homosexualité, sa valorisation du célibat et de la chasteté, bref, tout cet attirail doctrinal contraire à la nature profonde de l’être humain semble attirer la perversion, les déviances. Ceux qui trouvent dans ce cadre un moyen de laisser s’épanouir le pire de leurs pulsions.

A l’heure de la libération de la parole et d’une remise en cause profonde du patriarcat, est-il normal qu’un acteur pouvant bénéficier de financements défiscalisés et d’un code du travail particulier puisse réserver ses postes de directions uniquement à des hommes ? Cette exception apparaît bien peu conforme à un idéal démocratique au XXIe siècle, surtout lorsqu’on la confronte à tant de crimes impunis.

On n’ose imaginer les réactions si un phénomène d’une ampleur similaire était révélé au sein des cultes juifs ou musulmans.

L’histoire sociale de notre pays est indissociable des œuvres de l’Eglise. Une réalité factuelle qui perdure mais qui ne saurait justifier le statu quo. L’exigence de réforme est désormais posée. L’Eglise devra s’y soumettre ou y être contrainte.

L’impressionnante liste de victimes oblige aussi les services de la protection de l’enfance à l’introspection. Pendant trop longtemps, elles sont restées hors du champ de leur perception. C’est indéniablement un échec, dont les raisons restent à déterminer. Et une incitation à considérer l’Eglise de France pour ce qu’elle est depuis au moins 70 ans : une menace pour nos enfants.

Éditorial

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