Publié le : Dernière Mise à jour : 30.08.2021Par : Alphonse EnopacLecture : 2 min.
« J’ai décidé de vous placer en détention provisoire. » C’est par ces mots que la juge des libertés et de la détention – la JLD dans le jargon – a scellé mon sort. Je ne m’y attendais pas. Elle a dit cela aussi aisément que quelqu’un qui commande une pizza quatre fromages dans un restaurant italien de quartier.Là, dans cette pièce d’à peine 15 m2. Moi, assis sur une chaise un peu rembourrée qui lui faisait face, en contrebas d’un bureau en ébène ; elle, assise derrière sur une chaise noire, avec un dossier qui la rendait ridicule, vu sa petite taille. C’est là, dans ce tout nouveau palais de justice, que je l’ai regardée, que j’ai soutenu son regard. Et elle le mien.Ce regard, d’ailleurs, ne m’a pas semblé désinvolte, alors que je manifestais à ce moment-là un réel désarroi. J’ai même eu l’impression – un court instant – qu’à travers notre « échange » elle s’excusait de m’envoyer en cellule. Elle avait des cheveux poivre et sel très courts, portait des chaussures de marque Parraboots qui lui forgeaient, en plus de ses cheveux, un côté « garçon manqué ».Je me suis mis à observer la greffière, plus jeune, qui, en me regardant, a pincé ses lèvres vers l’intérieur de sa bouche, comme pour…
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