Pendant deux ans, l’ethno-anthropologue Julie Ruberto a suivi les maraudes du Secours populaire de Nice en tant que bénévole. Une question la taraudait : est-il possible de laisser ses représentations de côté quand on vient en aide aux autres ? Il en ressort une analyse au scalpel de la notion d’urgence sociale. Pour commencer, l’auteure note que, à Nice, les volontaires ne vont plus « vers » ou « au-devant » des plus nécessiteux, mais que ce sont ces derniers qui viennent à leur rencontre, à des lieux et horaires définis entre l’association et la municipalité. « Les personnes désireuses de bénéficier des services des bénévoles sont contraintes de se plier à une “logique de domination” en vue d’une “réadaptation” », souligne-t-elle. En d’autres termes, « les maraudes ne consistent plus à aller vers ceux qui ne demandent rien ». Et de citer l’exemple de Jean, qui devait marcher deux heures, aller et retour, pour récupérer de quoi se nourrir. Une façon aussi pour les maraudeurs de ne rencontrer que des gens acceptant leurs services et d’éviter les réactions inhospitalières. Certains sites où il y a trop de toxicomanes, de Roms… passent donc à la trappe. Trop risqués, selon les bénévoles,…
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