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La prophétie, la fureur et les éléments de langage

Un demi-pas en avant. Trois pas en arrière. C’est le rythme d’avancement du projet de loi « grand âge et autonomie ». Ce texte, véritable arlésienne du quinquennat, vient de connaître un énième rebondissement. Ce serait croustillant si les enjeux n’étaient pas si cruciaux. Censée organiser la prise en charge d’un nombre croissant de personnes âgées et handicapées, cette loi devait arriver devant les parlementaires en 2019. Elle fut ensuite annoncée à grand renfort de communication en 2020. Nous voilà en 2021 et un curieux sentiment de déjà-vu s’empare de l’observateur avisé. La presse généraliste s’est récemment faite l’écho des « confidences » de la ministre déléguée à l’autonomie. Brigitte Bourguignon le promet à chaque occasion ; cette fois, c’est la bonne, le texte sera présenté en conseil des ministres courant juillet. Pourtant, nombre d’experts jugent improbable cette hypothèse. Plusieurs sources affirment même que la ministre s’essaie à la prophétie auto-réalisatrice. Avec de minces chances de succès, l’agenda parlementaire étant déjà surchargé à seulement dix mois de l’élection présidentielle.

Pire encore, ces mêmes experts en viennent à espérer que cette loi ne sera pas présentée dans les termes pressentis via les documents de travail qui circulent actuellement avant la fin du quinquennat.

Dans un mélange de fureur et de dépit, ils dénoncent d’un même mouvement un coup de communication qui masque mal une absence de vision politique de long terme et, conséquemment, un manque total de réflexion sur les modes de financement.

Les éléments de langage désormais utilisés témoignent d’un glissement sémantique significatif : exit le projet de loi « grand âge et autonomie », qui incluait les personnes handicapées dans les nouveaux systèmes de prise en charge. Il s’agit maintenant d’être « intergénérationnel ». Un moyen bien peu subtil de lier la question du grand âge à une réforme des retraites. Le gouvernement semble espérer qu’un allongement de la durée de cotisation passerait mieux au prétexte de venir en aide aux plus anciens d’entre nous.

Au vu du score de La République en marche au premier tour du scrutin régional – seulement 3,6 % des inscrits –, il n’est pas certain que les Français se laissent abuser.

Éditorial

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