L’état de santé ne relève pas uniquement de facteurs biologiques et génétiques individuels. Il constitue également un marqueur des inégalités sociales. A commencer par le cancer, dont le risque de mortalité s’avère 2,5 fois plus élevé chez les personnes peu diplômées que chez les autres. La sociologue Aurore Loretti a choisi cet exemple pour mener l’enquête sur les inégalités de santé. Premier constat, et pas le moindre : la France est en retard sur ce sujet par rapport à d’autres pays européens, alors que ces disparités y sont davantage patentes. Paradoxalement, on apprend que c’est pour « les cancers qui se soignent le mieux que les inégalités sociales sont les plus fortes. Autrement dit, plus le temps de vie après le diagnostic est long, plus les différences entre les groupes sociaux sont importantes. » Si l’accessibilité financière et géographique au système de soins représente un obstacle, d’autres raisons sont à chercher dans des habitudes façonnées depuis l’enfance et dans un autre rapport au corps pour expliquer le recours tardif, ou le non-recours, à la médecine. Les personnes des classes populaires interrogées dans l’ouvrage ont en effet tendance à considérer qu’ils ne sont…
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