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Rixes, deuils et appâts médiatiques

Des violences entre bandes de jeunes ont, quelques jours durant, saturées l’espace médiatique. Des rixes mortelles ont endeuillé plusieurs départements de l’Ile-de-France depuis le début de l’année. De quoi conclure, intuitivement, à l’accroissement d’un phénomène inquiétant.

Rien ne semble plus faux, à en croire plusieurs sociologues spécialistes de la question comme Manuel Boucher, Marwan Mohammed ou Gérard Mauger. La concordance du discours de ces trois experts interpelle. Et pousse au questionnement. Tous rappellent d’abord que ces événements ne sont pas nouveaux. Les mécanismes conduisant à la formation de groupes tels que les blousons noirs dans les années 1950, les loubards dans les années 1970 et les jeunes des cités au début des années 2000 ont déjà été étudiés. La moyenne d’âge de ces jeunes, essentiellement des hommes, s’étalait à l’époque de 14 à 20 ans. Des observations qui prévalent encore aujourd’hui, même si une légère tendance au vieillissement est constatée. Cette sortie plus tardive de l’adolescence est liée à l’échec scolaire, à la mise au ban des familles et à un chômage de masse. Elle facilite aussi le passage vers le monde de la « délinquance professionnelle ».

De nombreuses voix politiques de l’opposition, de droite essentiellement, se sont élevées pour fustiger un prétendu laxisme du gouvernement sur cette question. Un argument fallacieux car la répression pénale des mineurs n’a cessé de se renforcer ces dernières années, et singulièrement sous les mandats de Nicolas Sarkozy et d’Emmanuel Macron. Il est également nécessaire d’admettre que le niveau même de cette violence juvénile est moins élevé et moins meurtrier qu’au sortir de la Seconde Guerre mondiale et que durant les Trente Glorieuses.

Juguler ce phénomène ancien est évidemment possible. Les solutions sont connues et… effroyablement banales. Il s’agit de lutter contre la déscolarisation, la paupérisation, le chômage de masse. Il s’agit également de préserver l’unité des familles, de maintenir des présences adultes bienveillantes, bref, d’assurer une prévention efficace. Tout ce qui constitue le cœur même du travail social. A en croire ces trois chercheurs, la réponse policière n’est à même que d’aggraver la situation. L’impuissance des forces de l’ordre se conjuguant à la résonance de ces actes sur les réseaux sociaux. La viralité, seul fait nouveau, sert d’ailleurs de catalyseur à cette violence.

Et tandis qu’une actualité covidienne, sportive ou politico-judiciaire vient chasser ces bandes de la Une des médias, les professionnels de terrain ne sont ni consultés, ni écoutés. Et continuent d’avancer sans moyens ni perspectives. Dans la pénombre.

Éditorial

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