Ils me fatiguent. Ils m’épuisent. Ils me saoulent avec leurs histoires à dormir debout, leurs histoires sans queue ni tête. Leurs histoires sans fin, ils en font toute une histoire.J’en peux plus de leurs malheurs, de leurs douleurs, de leurs pleurs, de leurs yeux mouillés, de leurs nez qui coulent, de leurs mains qui tremblent. Pardon Madame, c’est l’émotion. Pardon Madame, c’est difficile… Pardon Madame, j’en peux plus. Si vous saviez.J’en ai assez de les écouter me parler des enfants, des maris, des voisins, des collègues, des patrons, des inconnus de la terre entière et eux, toujours eux au milieu, eux si seuls, tellement seuls au milieu de tous.J’ai envie de les secouer, de crier, de les gifler. Réveille-toi, rebelle-toi, quitte ton mec, déménage, trouve un autre boulot, fais quelque chose, bon sang ! Bouge-toi un peu, sors-toi les doigts… mais non, je peux pas parler ainsi, c’est pas poli, c’est pas pro et c’est pas mon boulot. Alors j’écoute, je rassure, j’écris, je téléphone, j’agis, j’ajuste, je constitue des dossiers, j’essuie des refus. Il manque toujours un papier, un justificatif, un formulaire, une quittance. Et quand le dossier est enfin complet, vite, il faut se dépêcher…
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