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Sortir, enfin, de la culture du viol

Jeanne a 18 ans. Dans son petit village, situé près de Reims, cette étudiante s’inquiète. Ce dimanche 11 octobre, elle doit rejoindre la métropole lilloise, où elle poursuit ses études d’anglais. Elle doit pour cela effectuer le trajet en covoiturage avec deux personnes avec lesquelles elle est entrée en contact via une plateforme en ligne. Son problème ? Il s’agit de deux hommes. Louise, sa petite sœur, âgée de seulement 12 ans, lui suggère alors spontanément : « Tu sais quoi ? Tu t’habilles super moche ! Comme ça, il ne t’arrivera rien. » Réponse de Jeanne : « Non. Ce n’est pas moi. Et puis ça ne fonctionne pas comme ça, tu sais. Mais j’ai mal au ventre en pensant à ce soir. »

Si la jeune femme est arrivée sans encombre à destination, cette histoire, évidement véridique, est tristement banale. Elle dit tout le chemin qu’il nous reste collectivement à parcourir pour sortir de la tête des adolescentes, qu’elles résident en zones rurales ou urbaines, cette culture du viol, un virus qui pollue la psyché de nos filles, de nos nièces, de nos filleules. Trois ans après #MeToo, et alors que le débat surréaliste sur les « crops-tops » et les tenues soi-disant « républicaines » a mobilisé des heures d’antenne et inondé les réseaux sociaux, la rage des femmes, particulièrement les plus jeunes d’entre elles, monte lentement. Mais sûrement.

Cette culture du viol s’est longtemps épanouie dans la société française, comme le rappelle opportunément l’historienne Véronique Blanchard (voir ce numéro page 34). Cette spécialiste de la justice des mineurs met au jour, dans un ouvrage qui vient de paraître, comment les adolescentes violées, voire même celles au comportement jugé « trop libre », ont été criminalisées. Placées, elles ont été stigmatisées, leurs corps entravés, pour avoir souvent été victimes de crimes qui ne disaient alors pas leur nom.

Si les professionnels des secteurs sociaux et médico-sociaux ont depuis longtemps opéré leur mue en la matière, il leur appartient toujours d’être à la pointe de ce combat. Que ce soit en milieu ouvert ou en établissements. Car les viols de vieilles femmes versant dans la démence ou de jeunes filles handicapées dans les structures restent, eux aussi, bien trop fréquents.

Il leur reviendra aussi, pour partie, d’éduquer les garçons et les hommes violents. Cet enseignement du consentement, du respect et de l’égalité doit se substituer à celui de la peur inculquée aux femmes depuis des générations.

Éditorial

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