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« Ce qui vient au monde pour ne rien troubler ne mérite ni égards ni patience. » Cette phrase de René Char était l’une des préférées de Gisèle Halimi. Elle résume bien la vie édifiante de cette figure véritablement historique qui s’est éteinte le 28 juillet à l’âge de 93 ans.

Révélée par sa lutte courageuse contre le colonialisme, cette brillante avocate aura fait de la défense des femmes LA grande affaire de sa vie. En 1972, d’abord, lors du procès de Bobigny, en obtenant la relaxe d’une jeune fille de 15 ans ayant avorté à la suite d’un viol. Cette relaxe avait ouvert la voie, deux ans plus tard, à la loi « Veil » sur l’avortement. Puis en 1978, quand l’avocate représente deux campeuses ayant été violées par trois hommes à Aix-en-Provence. En 1980, enfin, lorsqu’elle obtient la criminalisation du viol.

Celle qui fut aussi une députée affranchie des logiques du Parti socialiste pendant le premier septennat de François Mitterrand aura su mettre sa révolte personnelle – en grève de la faim à 10 ans pour défendre son droit à la lecture, elle refusa du haut de ses 16 printemps un mariage forcé, en dépit de la pression familiale – au service de ses combats militants. Des luttes qu’elle aura servies avec la finesse et l’élégance de son verbe, avec son corps exposé aux crachats et aux coups lors des nombreuses manifestations auxquelles elle a participé, mais aussi par la puissance de sa détermination à faire avancer les causes qu’elle avaient fait siennes.

Loin des postures, cette avant-gardiste conservait le permanent souci de l’efficacité de ses actions. Par l’utilisation du droit, de l’expression citoyenne, par la mobilisation de ses réseaux intellectuels, comme elle l’a démontré en signant en 1971 le manifeste des 343. Une tribune publiée dans Le Nouvel Observateur, dans laquelle ces femmes clamaient s’être fait avorter.

Alors que la promesse du monde de l’après-Covid s’évapore chaque jour davantage, la mémoire de Gisèle Halimi éclaire d’un halo bienveillant ce que devraient être à la fois les luttes militantes et l’action politique. Trop souvent, les travailleurs sociaux s’estiment relégués, sans parfois prendre la mesure du rapport de force à construire pour faire prévaloir une société plus juste, plus égalitaire, plus humaine.

La mémoire de cette infatigable combattante les oblige, nous oblige collectivement.

Gisèle Halimi ne laisse pas un vide après elle. Mais un héritage.

Éditorial

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