« Tu veux venir ? »Elle a posé la question presque timidement. Après plus de trois mois sans voir Georges autrement qu’à travers un écran, le grand jour est arrivé. Visites autorisées à l’Ehpad, sur rendez-vous, deux personnes maxi, avec masques et gestes-barrières.« Tu veux venir ? », c’était sa façon polie de demander « tu peux venir ? ».Parce qu’à deux, ce sera plus facile. Parce qu’elle a peur, Florimonde(1), peur de le retrouver, mais aussi peur de ne pas le retrouver.Alors j’ai dit oui. Oui, je veux bien, oui, je peux, oui, je comprends que tu aies peur, oui, je suis là. Oui, je t’accompagne.Georges, je le connais sans le connaître. Je vis dans sa maison, je mange dans sa vaisselle et je conduis sa voiture. Je salue ses voisins, tonds son jardin et, surtout, je veille sur sa femme comme elle veille sur moi.Georges, c’est cet homme élégant qui sourit sur toutes les photos du grand album de famille : Georges enlaçant tendrement Florimonde, Georges étendu sur la plage, Georges endormi sur « son » fauteuil après une trop longue journée de travail, Georges se délectant d’un bon gâteau, Georges jouant au ballon avec son fils, Georges posant fièrement devant sa première voiture… Et…
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