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Illusionnisme

18 milliards d’euros débloqués pour soutenir le secteur du tourisme, 15 milliards pour celui de l’aéronautique, 8 milliards pour l’automobile. A chaque semaine, sa pluie d’annonces gouvernementales et de sommes astronomiques, que nombre d’entre nous peinent à se représenter. Comme s’il y avait une magie de la planche à billets.

Pourtant, ces sommes ne sont pas toutes de monnaie sonnante et trébuchante, mais surtout composées de prêts garantis, d’avances remboursables aux collectivités territoriales ou encore d’exonérations sociales et fiscales. En fait, de 500 milliards d’euros revendiqués le 14 juin dernier par le président de la République dans sa dernière allocution télévisée, on peut estimer, à lire le troisième projet de loi de finance rectificative, à 50 milliards – soit dix fois moins – les euros frais effectivement injectés dans des plans sectoriels, le financement de l’activité partielle, le fonds de solidarité des petites entreprises…

Ces dispositifs, bien que nécessaires, ne suffiront pas à renouer les fils d’un contrat social très abîmé par la crise sanitaire. Une pandémie qui a exposé aux yeux de chacun l’ampleur des inégalités sociales et territoriales. Ces sommes égrenées jour après jour disent en effet la priorité accordée à la relance économique plus qu’à la rénovation de la protection sociale.

C’était pourtant il y a un mois, presque jour pour jour, et au menu des deux assemblées parlementaires cette semaine : la création d’un 5e risque « autonomie » devrait figurer cet automne dans le plan de financement de la sécurité sociale. La gestion de cette 5e branche serait confiée à la Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie (CNSA).

Mais nombreuses sont déjà les voix qui s’élèvent pour dénoncer une coquille vide. Comme si le premier danger pour ce 5e risque était de ne pas être financé. Pas avant 2024, du moins, date à laquelle 0,15 % du produit de la CSG devrait lui être affecté – soit environ 2,3 milliards d’euros. Et en attendant ? Un milliard d’euros promis par le ministre de la Santé, qui serait inscrit au PLFSS (projet de loi de finance de la sécurité sociale) 2021.

Point aussi l’idée qu’il conviendrait de mieux utiliser des sommes déjà engagées par diverses politiques publiques (celle du logement, notamment) pour favoriser l’autonomie. Avant de trouver de nouvelles recettes, il faudrait dépenser mieux : vieille antienne qui, pour fondée qu’elle soit, ne suffira pas à répondre aux enjeux. Ce sont 66 milliards d’euros déjà investis sur le sujet dont il conviendrait de renforcer l’efficacité.

Et voilà qu’apparaît la véritable illusion, celle qui consiste à penser que l’on peut faire toujours plus à moyens constants. Comme s’il suffisait de redéployer des crédits existants pour structurer une politique, pour penser une société où chaque citoyen, quels que soient son degré d’autonomie ou sa capacité de contribuer à la vie économique de la nation, trouve sa juste place. C’est pourtant à cette aune que la démocratie sociale peut être évaluée, loin des tours de passe-passe financiers qui laisse croire que l’on agit, au lieu d’en témoigner dans les faits.

Éditorial

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