Publié le : Dernière Mise à jour : 05.06.2020Par : Brigitte BègueLecture : 5 min.
Pour Pascale Molinier, théoricienne du soin, le discours martial utilisé pour lutter contre le coronavirus ne convient pas pour décrire la situation que vivent les soignants de proximité aux prises avec la souffrance de l’autre. Ces invisibles, en contact avec les plus fragiles, sont majoritairement des femmes.
Vous avez écrit, dans une tribune, que « le soin n’est pas la guerre »… Que voulez-vous dire ?Soigner, prêter attention à l’autre n’est pas la guerre. Cela pose un problème éthique majeur de confondre ce qui est de l’ordre de l’empathie, de la compassion, d’une sensibilité à la souffrance avec un combat. C’est un discours qui est fait pour mettre la pression. Il y a des gens que cela sidère et ils arrêtent de penser, cela les terrifie. Et il y a ceux que cela séduit parce que ça les galvanise. Je veux bien entendre que dans un service d’urgence et de réanimation, aujourd’hui, on ait besoin de cela. Le discours viril peut aider à soutenir cet effort tendu vers un travail hors de toutes limites, mais c’est un discours qui peut mettre aussi en colère. J’ai pu constater que tous les soignants ne s’y retrouvent pas, simplement parce que tous…
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