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Parlons moins, baisons mieux !

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Je me suis naïvement dit que ce serait un sujet facile. Parce que dans ma tête de soignante féministe et, je l’avoue, un peu légaliste, c’était simple et limpide : assistance sexuelle = prostitution = interdiction. Et voilà, hop hop hop, c’est plié ! Sauf que bon, ahem… rendre une « Minute de Flo » en 85 signes, forcément, ça ne fait pas très sérieux. Alors je fais comme d’habitude. Je lis des témoignages, des articles, des prises de position. Je regarde des vidéos, des reportages, des monologues face caméra. Expériences de professionnels, de personnes en situation de handicap, de proches… Je fais le tri. Certaines suggestions de liens n’ont rien à faire dans une revue sérieuse. Je consulte des sites de formation pour assistants sexuels, des sites d’associations, des sites qui parlent d’autres sites.

Je note des mots-clés : tendresse, caresse, humanité, intimité, écoute, émotion, échange, toucher, ressenti de plaisir intime, désert sensuel, épanouissement, estime de soi… Des jolis mots, un peu poétiques, parfois lyriques, voire carrément dithyrambiques. Et puis, plus loin, d’autres mots, plus prosaïques : dossier, formation, décryptage des besoins, équipe, offre de service, cadre réglementaire, prestation… Des mots froids et neutres. Des mots professionnels.

Je croyais trouver des yeux qui brûlent encore aux premiers feux d’avant l’aurore, je ne trouve que de chastes baisers d’un jour qui se lève. Plus je lis, plus le malaise grandit. Trop de mots, trop de périphrases, trop de blablas alambiqués. C’est louche.

La prostitution, au moins, c’est simple : argent contre sexe, sexe contre argent. Là, tout a l’air compliqué. Un peu de tendresse mais pas trop, un peu de sexe mais pas trop, un peu d’argent mais pas trop.

En parlant d’argent, justement… J’aimerais en savoir plus sur les tarifs. Je creuse le sujet. Ça va du gentil bénévole qui fait ça « pour rendre service » à l’accompagnante professionnelle qui prend 200 € de l’heure. 200 €, pour des personnes vivant souvent sous le seuil de pauvreté, ça fait quand même une sacrée somme, non ? Quant aux prestations proposées, c’est un peu flou, et pas très foufou. Caresses, massages, jeux de plumes, danse, corps à corps, masturbation. Mouais… C’est moyennement excitant, tout ça. Rien qui parle de faire l’amour jusqu’à la mort, avec le cœur avec le corps.

Sur un site, je trouve une précision qui a son importance : la pénétration, la fellation et le cunni­lingus ne sont pas pratiqués. Hein ? Quoi ? On se chauffe, on s’émoustille et après, ceinture ? Mais alors, qui fera trembler tous les marquis de Sade et rougir les putains de la rade ?

Je creuse encore. Comment ça fonctionne, au juste ? Je lis d’autres témoignages. Ici, la mère d’un adulte autiste trouve que son fils va mieux depuis qu’il a recours à une accompagnante sexuelle. Là, c’est l’équipe éducative qui vante les bienfaits du service. L’équation se complique. Il y a le client, l’accompagnant, mais aussi la famille, l’éducateur, le soignant… L’affaire privée devient affaire publique. Mais alors, quid de l’intimité ?

Perplexe, je clique sur un dernier témoignage. Et soudain, c’est le drame. Un accompagnant sexuel, dégoulinant de mièvrerie, parle de « leçon de vie ». Voilà, nous y sommes. Exit le sexe et le plaisir, parce que, vous comprenez, la baise avec une personne handicapée, c’est avant tout une leçon de vie. Finalement, la loi, la morale, ce ne sont que des prétextes. La personne handicapée, obscur objet du désir, ardent sujet du plaisir… Finalement, le problème, c’est quoi, au juste ? Leur handicap ou notre validisme ?

La minute de Flo

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