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Un bébé est mort

Un bébé est mort, et les réseaux sociaux se déchaînent. Un bébé est mort, et les chaînes d’information en continu cherchent déjà les coupables. Un bébé est mort, étouffé par sa mère pour son premier anniversaire. Un bébé est mort, abandonné dans un conteneur à vêtements. Un bébé est mort, et déjà les services sociaux et l’avocate de l’accusée, qui souffre de troubles psychiatriques sévères, se rejettent la responsabilité de cet acte irréparable, impardonnable. Une petite fille est morte et, de profundis, éclaire malgré elle un pan de notre société que nous refusons obstinément de voir.

Par-delà le nécessaire travail de la justice, c’est à une profonde introspection que nous invite ce fait divers fait de société. Le décès de Vanille nous rappelle cruellement que toutes les femmes ne sont pas nées pour être mères. Bien qu’il ne s’agisse que d’une infime minorité, certaines ne peuvent imaginer une autre issue que la mort de leur enfant. A leur corps défendant. Au-delà de l’amour et de l’attachement réels qu’elles ressentent pour leur nouveau-né. Il ne s’agit pas ici de dire que ces femmes ne méritent pas d’être accompagnées. Mais bien que l’intérêt de l’enfant doit rester la priorité des juges, de l’aide sociale à l’enfance, des assistants sociaux. La préméditation du geste de cette maman, écrouée et probablement désespérée à l’heure d’écrire ces lignes, pose cliniquement la question du maintien des liens du sang.

Pour réellement progresser, notre société se doit de regarder les situations pour ce qu’elles sont. Et non pour ce que la majorité d’entre nous pense qu’elle devrait être. Le martyre de Vanille questionne aussi le rôle auquel sont cantonnées les femmes. Notre imaginaire collectif, bercé au catholicisme et à la bienveillante image de la Vierge Marie, y est sans doute pour quelque chose. La violence du patriarcat aussi, qui a, des siècles durant, assigné le corps féminin à la procréation et aux taches familiales, sans jamais tenir compte de la psyché et des aspirations de générations de femmes qui ont maudit leur sexe et leur sort.

Chaque année, 80 enfants meurent sous les coups de leur(s) parent(s). Un chiffre insignifiant dans un pays qui a dénombré 753 000 naissances en 2019. Mais qui reste considérable.

Adrien Taquet dit avoir pris la mesure de l’événement. Le secrétaire d’Etat chargé de la protection de l’enfance a remis en cause le dogme du maintien à tout prix du lien biologique. Il estime désormais qu’« il faut savoir rompre le lien » lorsque « le père ou la mère est toxique ». Les lois de 2007 et de 2016, plus attentives au bien-être des enfants, avaient déjà été bien accueillies par les professionnels. Reste à s’assurer qu’elles sont respectées et respectables. Le souvenir de Vanille nous oblige.

Éditorial

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