Une vieille légende raconte qu’avant l’Ehpad, il y avait un grand jardin. Et que Mamie Blue se tenait au milieu. Elle ne voulait pas partir, malgré les promesses et les menaces, alors on a construit l’Ehpad autour d’elle. Et elle est restée là, dans les murs. Chez elle.Mamie Blue, c’était notre doyenne, elle avait tout vu et tout connu. De temps en temps, quand on avait cinq minutes (ce qui était rare), on se rassemblait autour d’elle et on la suppliait : « Mamie Blue, raconte-nous une histoire ! » Et Mamie Blue racontait.Elle nous parlait d’un temps que les moins de vingt ans de carrière ne peuvent pas connaître. L’Ehpad, en ce temps-là, s’appelait « maison de retraite » et les résidents s’appelaient « pensionnaires ». « C’était un peu comme une pension de famille, tout le monde se connaissait, on faisait notre popote… D’ailleurs, c’est pas pour rien que ça s’appelait “maison de retraite”, il y a le mot “maison” dedans. Et, comme dans toute maison qui se respecte, il y avait même un chat ! Un chat obèse, évidemment, parce que tous les pensionnaires le nourrissaient. Ah ça, il a eu une belle vie, celui-là ! »Mamie Blue racontait, et nous, on écoutait, captivées.De temps en temps, elle…
La suite est réservée aux abonnés
Accédez en illimité à nos contenus et à nos newsletters thématiques