Manon Ott, cinéaste, chercheuse et enseignante en sciences sociales et cinéma, a tiré son livre De cendres et de braises de plusieurs années d’enquête dans les quartiers populaires des Mureaux, en banlieue parisienne, où elle a vécu. A travers les témoignages d’ouvriers, dont une majorité sont venus du Maghreb puis d’Afrique subsaharienne pour travailler à l’usine Renault-Flins, mais aussi de jeunes au pied des cités, c’est un pan de l’histoire sociale de la France qu’elle fait vivre. Une histoire trop souvent inconnue, confisquée, écartée. Logés dans des HLM, les ouvriers ont connu l’usine en plein essor, les conflits sociaux, les luttes pour garder son emploi. Les immigrés occupaient les emplois les plus durs, O.S. à vie. Puis ils ont assisté aux mutations du travail et aux effets de la désindustrialisation avec son flot de licenciements. A Renault-Flins, il ne reste plus aujourd’hui que 4 000 ouvriers, ils étaient 24 000 dans les années 1970. Les cités HLM sont devenues des « quartiers sensibles », des « ghettos », les enfants qui y ont grandi se sont transformés aux yeux des observateurs, notamment des médias, en « jeunes de banlieue », en « cailleras » qui font régner l’insécurité…
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