Il pleut. Il pleut depuis des heures. Il pleut et je suis bien, là, chez moi.J’écoute le bruit de l’eau. La pluie et le ruisseau, la pluie dans le ruisseau.J’ai toujours habité près d’un ruisseau : le Tronquoy, le Cérou, la Saudrune… Des petits noms de petits ruisseaux. Des petits noms qui me chantent des bruits familiers. Le clapotis de l’eau sur les rives caillouteuses, le murmure de la pluie qui tombe, rien que de l’eau, de l’eau de pluie, de l’eau de là-haut… Ce sont mes bruits, ceux qui me rassurent, qui me bercent. Ces bruits qui me murmurent des jolies choses. Les bruits de mon enfance, les ronds dans l’eau, les petits bateaux en coquilles de noix que nous laissions voguer au gré des remous…Il pleut et l’eau monte. La Saudrune enfle et gronde. Ce n’est plus un ruisseau mais un fleuve.Je regarde, attentive, l’eau qui coule sous mes fenêtres. Et je me souviens. Les rires des jeunes amoureux au bord de l’eau. L’insouciance. Les promenades du dimanche en famille. La joie. La dernière chose que je regarde le soir, en fermant les volets. La sérénité.L’eau monte et il faut partir. La Saudrune gronde et déborde. Ce n’est plus un fleuve mais un torrent. Le ruisseau, c’est moi, c’est…
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