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L’impact de l’hébergement en hôtel social sur les ados

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L’hôtel social pour logement, une réalité pour de nombreuses familles précaires et adolescents. Une étude, intitulée « Adolescents sans-logement. Grandir en famille dans une chambre d’hôtel », s’intéresse spécifiquement à ces jeunes et aux effets délétères que cela produit sur eux.

PLUS DE 21 000 FAMILLES, MAJORITAIREMENT ÉTRANGÈRES, ont été hébergées en hôtel social en 2017 en Ile-de-France, elles étaient moins de 15 000 en 2013. Un hébergement qui suppléait les carences des dispositifs spécialisés dans l’accueil des étrangers et des demandeurs d’asile. Cette enquête, menée entre avril 2017 et mai 2018, fait suite à un précèdent rapport de l’Observatoire du Samusocial de Paris en 2014, qui n’avait pas traité de la situation des adolescents. Les auteurs de cette nouvelle étude, Odile Macchi, chargée d’étude à l’Observatoire du Samu social de Paris, et Nicoles Oppenchaim, sociologue à l’université de Tours, ont rencontré une quarantaine de jeunes âgés de 11 à 18 ans vivant en hôtel social à Paris et son agglomération ainsi qu’à Tours. Cette étude met en évidence comment l’hébergement en hôtel social produit des effets « délétères » sur les relations familiales et amicales, la scolarité et la santé des adolescents.

Un quotidien difficile

Cette étude révèle qu’un nombre important d’adolescents ne sont pas scolarisés. Les déménagements fréquents expliquent en partie ce phénomène alors que la justification d’une domiciliation pour inscrire les enfants à l’école complique les démarches. Néanmoins, la majorité de ces jeunes sont scolarisés après un « parcours du combattant » de plusieurs mois, voire années. Si cette instabilité résidentielle décline après des années passées dans le système d’hébergement, les adolescents continuent de déménager. Face à cela, les parents choisissent souvent de ne pas les changer de lieu de scolarisation, ce qui entraîne des temps de trajet très importants : plus d’un tiers des jeunes scolarisés en région parisienne mettent au moins une heure et quart pour rejoindre leur collège ou lycée. Des trajets qui ont une forte influence sur leurs apprentissages et leur temps de loisirs, ce qui contribue à renforcer leur isolement relationnel.

Des difficultés de socialisation qui sont également favorisées du fait que l’hôtel social est « un espace d’interdictions » où les règles, plus ou moins rigides selon les établissements, limitent ou empêchent les visites, les regroupements et les jeux entre jeunes (voir quelques témoignages, encadré ci-dessous).

A cela s’ajoute des démarches administratives qui provoquent des absences scolaires, « qui ne sont pas sans conséquences sur leurs résultats et leur insertion dans les réseaux de sociabilité », insistent les auteurs. Et participent grandement du phénomène d’« inversion des rôles familiaux », qui place ces adolescents en situation de s’occuper de leurs parents. « Nombre d’entre eux décrivent des parents diminués physiquement et moralement, dont ils doivent prendre soin », rapportent les auteurs.

Au vu de cette étude, le défenseur des droits, qui a soutenu ce travail, a réaffirmé ses recommandations sur la prise en charge de ces enfants et de leurs familles : développer des alternatives à l’hébergement en hôtel social ; limiter l’orientation vers les hôtels inadaptés aux besoins des enfants ; assurer le droit à l’éducation, aux loisirs et à la santé des enfants ; prendre en compte les lieux de scolarisation et les calendriers scolaires dans les décisions d’orientation et réorientation.

Plus d’info sur notre site ASH – https://bit.ly/2SpJclk

Témoignages

« […] Etre dans un hôtel, c’est un peu comme être enfermé parce qu’on nous traite un peu comme des prisonniers […] On n’a pas le droit aux visites […] je ne comprends pas » – Kouma, 17 ans.

« […] Ma mère n’arrive pas à faire à manger parce que le directeur nous laisse pas faire […] Faut tout faire dans un micro-ondes… » – Mirhan, 14 ans.

« Ça m’arrivait souvent de rater l’école. Du coup, ma mère marquait un mot pour justifier que j’étais à la préfecture… » – Zenia, 17 ans.

« On n’est pas allé à l’école d’août 2013 à avril 2014, […] on faisait que passer d’hôtel en hôtel, on nous disait qu’on n’avait pas de domiciliation, donc on était obligés d’attendre, on ne savait pas ce qu’il fallait faire » – Soufiane, 14 ans.

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