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L’improbable télescopage

ET SI LES « GILETS JAUNES » ET LEURS REVENDICATIONS SUR LE POUVOIR D’ACHAT et la baisse des charges impactaient la préparation de la réforme de la dépendance annoncée par Emmanuel Macron pour 2019, qui fait l’objet actuellement d’une grande concertation ? En début de semaine, le président de la République a annoncé une série de mesures portant sur des baisses de charges sociales et sur l’annulation de la hausse de la CSG pour les retraités ayant une pension inférieure à 2 000 €. Le signal était clair : stop aux hausses d’impôts.

Or il va bien falloir financer ce nouveau risque à hauteur de plusieurs milliards d’euros chaque année. Comment ? C’est toute la question. Un débat, la semaine dernière (voir page 14), a fait le tour de la question sans apporter de réponse satisfaisante.

A l’occasion de précédentes déclarations, Emmanuel Macron avait clairement fait connaître sa préférence pour un financement par la solidarité nationale, c’est-à-dire par l’impôt. Il avait révélé un penchant « beveridgien », selon lequel la protection sociale relève d’un financement de l’Etat, par opposition au modèle « bismarckien », qui fait reposer le financement de cette protection sociale par les partenaires sociaux (employeurs et salariés) via des cotisations. Et, par impôts, il entendait la CSG, dont l’assiette est large puisqu’elle s’applique à pratiquement tous les revenus.

Oui, mais voilà, le mouvement des « gilets jaunes » a rebattu les cartes. Peut-on imaginer que, dans six mois, le Président annonce une hausse de la CSG pour financer la dépendance, après l’annulation qu’il vient de décider ? Dans le contexte actuel, cela paraît difficile. Pourrait-il rétablir l’ISF ? Les plus aisés finançant une mesure sociale, le message aurait du sens. Mais outre que les 3 ou 4 milliards que rapporterait ce nouvel impôt sur la fortune seraient insuffisants pour financer la prise en charge de la dépendance, ce serait, pour Emmanuel Macron, un reniement trop fort, politiquement insupportable. Le spectre d’un financement privé, c’est-à-dire assurantiel, va-t-il ressurgir ? Pour l’instant, rien ne permet de le penser. Au contraire, Agnès Buzyn l’a écarté, une nouvelle fois, la semaine dernière.

Les champs du possible se réduisent donc, puisqu’il est impossible d’augmenter les impôts et les cotisations. Un redéploiement des dépenses de l’Etat est-il envisageable ? Compte tenu du niveau des besoins, ce serait un choc. Où prendre les milliards pour la dépendance ? Le risque est donc que la montagne accouche d’une souris, qu’il n’y ait qu’une réforme limitée à des aménagements des aides actuelles – loin de l’ambition initiale –, voire à un report de la réforme.

La fin de la grande concertation, en janvier, apportera-t-elle les réponses à ces questions ? « Gilets jaunes » réforme de la dépendance, un improbable télescopage…

Éditorial

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