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L’Etat inconstant

ON CONNAISSAIT LA DOUBLE INCONSTANCE DE MARIVAUX. Mais ce marivaudage de boulevard n’est rien à côté de l’inconstance de l’Etat, qui s’illustre à travers la situation des résidences autonomie. Notre dossier (voir page 38) montre que ces structures, qui ont été consacrées par la loi d’adaptation au vieillissement comme un élément-clé de la prévention de la perte d’autonomie, sont en réalité à l’abandon. On les a rebaptisées avec un joli nom : résidences autonomie, c’est plus classe que logements-foyers, leur ancienne appellation. Mais pour ce qui est des moyens nécessaires à leur mission, les acteurs du système sont toujours en attente.

Or la prévention de la perte d’autonomie est essentielle. Avec le vieillissement de la population, retarder l’apparition des déficiences est un enjeu économique majeur autant qu’humain et social, parce que repousser la perte d’autonomie retarde les besoins de prise en charge de la dépendance. C’est donc être à la fois inconstant et mauvais gestionnaire que de ne pas investir dans la prévention.

La future réforme de la dépendance et la création du risque doivent absolument intégrer cette notion de prévention.

En n’assumant pas le soutien des résidences autonomie, l’Etat crée un vide qui n’a pas échappé au secteur privé, qui a vu une opportunité de développement.

Les groupes privés ont inventé les résidences-services pour seniors selon le même concept que les résidences autonomie : des logements offrant à des personnes âgées non encore ou faiblement dépendantes les services logistiques, domestiques et médicalisés dont elles peuvent avoir besoin.

Pourquoi le secteur privé ne se substituerait-il pas à l’Etat défaillant ? Sauf que l’accès à ces résidences privées a un coût. On ne saurait reprocher aux opérateurs d’avoir une logique de marché et de segmentation. Mais on mesure le risque de fracture sociale que représente le désengagement de la puissance publique de ce chaînon de la prise en charge du vieillissement qui exclut les personnes les plus modestes d’une prévention. C’est à la limite de la faute, en matière de santé publique.

Cela pose, une fois de plus, la question de la cohérence des politiques publiques et de l’approche globale des questions liées au vieillissement. L’obsession de la maîtrise des dépenses à court terme a pour conséquence d’empêcher d’avoir une vision à long terme et de générer des effets pervers.

L’Etat n’a pas de vision stratégique, et il finit par le payer cher, tant en termes économiques que politiques.

Éditorial

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