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La terrifiante question

Des économistes proches du pouvoir, ayant conseillé Emmanuel Macron pendant sa campagne de 2017, demandent, dans une tribune du Monde, au président d’introduire une dimension sociale dans sa politique économique libérale. Des députés La République en marche qui renâclent face à certains textes de loi et adoptent une attitude de frondeurs et le président lui-même qui feint dans une vidéo complaisamment diffusée par l’Élysée de s’étonner « qu’on met un pognon de dingue dans les minima sociaux et les gens ne s’en sortent pas ».

Le branle-bas de combat est décrété au sommet où on découvre que la fameuse théorie du ruissellement – donner aux riches les moyens d’investir pour que l’argent descende jusqu’au bas de l’échelle sociale – ne marche pas ou, au moins, n’a pas de résultat assez rapide.

Alors, pour montrer qu’il a entendu le message ou, selon certains, pour donner l’illusion qu’il a perçu le problème, Emmanuel Macron a exposé sa vision et sa stratégie de lutte contre la pauvreté et l’exclusion au Congrès de la Mutualité, mercredi 13 juin à Montpellier.

Sa grande idée est que la distribution d’argent aux plus démunis ne sert à rien et est tout au plus un palliatif. Son objectif est de ramener les exclus – au moins ceux qui le peuvent – vers le travail.

Cette stratégie – dont on ne peut que soutenir l’objectif – risque bien de se heurter aux terribles réalités du capitalisme financier. Au demeurant, ce n’est pas la première fois que des gouvernants mettent en place des dispositifs de réinsertion. C’était même l’objectif de l’ancêtre de tous ces plans. En effet, en 1988, le revenu minimum d’insertion (RMI) – avec son « I » d’insertion – avait cet objectif. Il a été un échec, comme l’ont été le revenu de solidarité active (RSA) et la prime pour l’emploi.

Pourquoi ? D’abord, parce que l’État et les acteurs sociaux ne se sont pas pleinement investis dans cette action.

Ensuite, et surtout, parce que la financiarisation de l’économie est porteuse d’exclusion.

Cette nouvelle économie qui a émergé au début des années 1990 et qui s’est imposée au tournant du XXIe siècle n’est pas une économie centrée sur la production et une alliance objective entre le travail et le capital mais sur une logique d’auto-alimentation du système financier. On sait que la répartition de la plus-value entre capital et travail est de plus en plus inégalitaire au profit – c’est le cas de le dire – du premier.

En outre, l’économie numérique ne génère en elle-même que peu d’emplois et des emplois hautement qualifiés, ce qui est sélectif. À titre d’exemple, il n’y a dans le monde que 72 000 salariés chez Google et 25 000 chez Facebook, ce qui est dérisoire par rapport aux milliards de chiffre d’affaires et de profit que ces deux géants réalisent.

La nouvelle économie est bien plus créatrice de valeur que l’ancienne mais cette valeur n’est pas partagée.

Les pauvres, les exclus, ceux qui sont du mauvais côté de la fracture sociale, sont-ils condamnés à le rester ?

Cette terrifiante question devrait amener les responsables politiques et économiques à une réflexion sur le modèle économique mondial qui s’est imposé…

Éditorial

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