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La finalité oubliée

Droit du travail, SNCF, logement, université, formation professionnelle… Sous l’impulsion d’Emmanuel Macron, le gouvernement ouvre tous les chantiers possibles de réformes, chacune l’exposant à une contestation, et leur cristallisation pourrait provoquer un embrasement social majeur.

Certains rêvent à 1995, avec en toile de fond la grève à la SNCF, en forme de clignotant belge : un coup, le train circule, un coup, il ne circule pas… La météorologie sociale est une science trop incertaine pour risquer un pronostic.

Le sujet est plutôt de savoir si ces réformes sont utiles et si elles vont assez loin. Celle de la formation professionnelle est un bon thème d’analyse. Notre dossier « Management » (page 18) montre que le secteur social et médico-social s’interroge sur la portée réelle de cette réforme. Pour les uns, ce sera un big bang ; pour les autres, elle fera pschitt ! Les débats portent sur l’efficacité du nouveau circuit de formation, sur l’intérêt d’affecter un crédit formation aux professionnels et sur la pertinence des thèmes de formation. Bref, on discute des moyens et des procédures en oubliant l’essentiel : les objectifs.

Une réforme n’a de sens que si elle part des objectifs. Ce sont les objectifs qui déterminent les moyens et les procédures, et pas l’inverse. Or la finalité semble être la grande oubliée de cette réforme.

Le rapport que le mathématicien et député LREM Cédric Villani vient de remettre au président de la République (page 11) démontre que l’intelligence artificielle (IA) et les algorithmes vont bouleverser le monde du travail, y compris dans le secteur social et médico-social.

Non, les robots ne remplaceront pas les hommes, mais ceux-ci devront s’adapter à ces « collègues » d’un nouveau genre. Des nouveaux métiers vont apparaître, des métiers actuels vont disparaître et d’autres vont évoluer. L’objectif stratégique de la réforme de la formation devrait être d’adapter les salariés à ce nouveau monde.

C’est d’ailleurs la thèse développée par le « gourou » de l’IA, le docteur Laurent Alexandre, dans son livre à succès La guerre des intelligences(1). Contesté pour ses anticipations apocalyptiques sur un remplacement de l’homme par l’IA, il n’en dit pas moins une vérité d’évidence : nous ne sommes pas prêts à affronter ce tsunami technologique. Pour les générations futures, tout se joue à l’école. Pour les générations actuelles, tout se joue ou devrait se jouer avec la formation professionnelle, dont l’objectif stratégique devrait être de préparer les salariés à travailler avec l’intelligence artificielle.

Ce n’est qu’à ce prix que la réforme sera un big bang positif. A défaut, elle fera pschitt.

Notes

(1) La guerre des intelligences, Laurent Alexandre (éd. J.-C. Lattès).

Éditorial

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