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Les derniers de cordée

« Il n’est pas de problème dont une absence de solutions ne finisse par venir à bout. » Ce célèbre aphorisme du petit père Queuille – comme était surnommé celui qui a été de nombreuses fois ministre et président du Conseil sous les IIIe et IVe Républiques – est le symbole du cynisme politicien. Il a hélas souvent servi de viatique à des politiques pour remettre au lendemain, c’est-à-dire à leurs successeurs, ce qu’ils auraient pu et surtout dû faire.

L’ennui est que cette procrastination politique ne marche plus. Le grand big bang électoral que la France a connu en 2017 a été l’expression du grand ras-le-bol des Français à l’égard de politiques annonçant toujours des jours meilleurs qui n’arrivent jamais. Ils ont tenté leur chance avec quelqu’un – non issu des appareils politiques – promettant qu’il ferait ce qu’il disait.

Tout le défi du président Macron est de répondre à cette attente. Mais aura-t-il les moyens politiques et économiques de régler des problèmes que ses prédécesseurs se sont passés de génération en génération avant d’atterrir sur son bureau ?

L’actualité de ces derniers jours, dans le secteur social et médico-social, a été marquée par le conflit des prisons et celui des EHPAD.

Ces deux secteurs sont régulièrement sujets à éruption volcanique. Ceux qui ont de la mémoire – et quelques heures de vol – se souviendront que la première crise derrière les portes du pénitencier – comme le chantait Johnny Halliday – a eu lieu à l’été 1974… Le Président était alors Valéry Giscard d’Estaing. Les causes de ce mouvement : surpopulation carcérale, pénurie de personnel, vétusté des bâtiments, violence… Depuis, avec une régularité de métronome, les prisons s’embrasent tous les quatre ou cinq ans et le feu est éteint avec des promesses de construction de nouvelles prisons et la création de postes. C’est ce même scénario qui s’est joué en janvier 2018, la seule nouveauté étant la problématique des détenus radicalisés.

Le problème des EHPAD, lui aussi ancien, ne fait que croître et embellir avec le vieillissement accéléré de la population et la lourdeur des pathologies prises en charge. D’une certaine façon, tout a été résumé dans la mission flash conduite l’an dernier par la députée LREM Monique Iborra.

Dans ces conditions, dire que le déblocage de 50 millions d’euros par la ministre des Solidarités et de la Santé n’est pas à la hauteur des enjeux est un doux euphémisme. Agnès Buzyn peine d’ailleurs à convaincre avec l’annonce d’un futur plan pluriannuel pour la prise en charge des personnes âgées, comme elle le rappelle dans l’interview qu’elle nous a accordée.

En réalité, il faudrait ce qu’il est convenu d’appeler un « plan Marshall » en faveur des prisons et des EHPAD, c’est-à-dire une politique globale et ambitieuse.

Mais, cela ne semble pas être dans l’air du temps. Emmanuel Macron a fait de l’égalité femme-homme « la grande cause nationale de (son) quinquennat » et sa stratégie économique repose sur l’idée de favoriser l’investissement en donnant les meilleures conditions fiscales, sociales et financières aux investisseurs, ceux qu’il appelle les « premiers de cordée » et qui sont censés tirer tout le monde vers le haut.

Au fond, tout se passe comme si les prisons, les EHPAD et quelques autres secteurs sociaux étaient les derniers de cordée, obligés d’attendre – combien de temps ? – le filin qui les tirera vers le haut.

Éditorial

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