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Des pistes pour améliorer l’accès aux soins des jeunes en insertion

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En France, les inégalités sociales et territoriales de santé concernent « au premier chef certaines franges de la jeunesse qui cumulent déjà des difficultés faisant obstacle à leur accès à l’emploi », souligne une étude menée par le pôle « évaluation » de la Mission d’animation du Fonds d’expérimentation pour la jeunesse (MAFEJ) et publiée par l’Institut national de la jeunesse et de l’éducation populaire (INJEP)(1). En effet, « les rares études épidémiologiques portant sur les jeunes en insertion […] indiquent qu’ils connaissent un état de santé moins bon que les autres jeunes de leur âge ». Et s’ils ne présentent pas d’addictions plus sévères, ils « déclarent des violences subies (psychologiques, physiques ou sexuelles) plus nombreuses, se sentent davantage discriminés et ont connu, dans leur enfance, un environnement familial plus instable ». Ils sont par ailleurs deux fois plus nombreux que les jeunes actifs à témoigner d’une souffrance psychique.

Or, « par les comportements à risque qu’il implique ou les capacités qu’il limite, l’état de santé fait obstacle à l’insertion socioprofessionnelle des jeunes les plus en difficulté ». Un constat qui a conduit les pouvoirs publics à prendre en compte la dimension santé dans les parcours d’insertion, ce qui s’est notamment traduit par la signature, en 2006, d’une « Charte de la santé des jeunes en insertion sociale et professionnelle » entre le gouvernement et le Conseil national des missions locales, dont l’un des objectifs est de développer les actions de prévention et d’éducation pour la santé des jeunes.

C’est dans ce cadre que le Fonds d’expérimentation pour la jeunesse (FEJ) a soutenu un ensemble d’expérimentations sur la santé des jeunes en insertion, dont 11 ont été analysées par la MAFEJ. Celle-ci montre dans son étude que l’amélioration de l’accès et du recours aux soins des jeunes précaires passe par deux types de leviers : un accompagnement social et/ou médical pour lever les freins « informationnels » (optimisation de la couverture maladie, prise de conscience des besoins de santé) et l’intervention de « médiateurs » auprès des jeunes les plus éloignés des institutions.

Le premier levier va agir au niveau de la demande de santé et contre le non-recours des jeunes en insertion. Tout d’abord, parce que certains perçoivent « une contrainte financière bien supérieure à ce qu’ils doivent payer réellement, une fois mobilisés les droits sociaux ». Ensuite, parce que d’autres peuvent « sous-estimer l’importance de préserver et d’investir dans leur capital “santé” [et] reportent ainsi à plus tard les actes de prévention ». Les expérimentations du FEJ « plaident également pour la création d’espaces “santé” dans les missions locales, informant sur les droits liés à la santé et proposant des temps d’écoute, en amont d’un suivi médical ». Certains projets se sont, eux, interrogés « sur les modalités d’“accrochage” des jeunes les plus marginalisés » et/ou en situation de souffrance psychique et ont fait intervenir des équipes mobiles ou des « psychologues de rue » dans une démarche d’« aller vers » pour toucher les jeunes les plus éloignés des institutions.

Enfin, d’autres expérimentations ont permis de mettre en œuvre « des démarches d’éducation pour la santé par les pairs, en faisant appel à des jeunes volontaires pour transmettre des messages de santé à d’autres jeunes et valoriser auprès d’eux des comportements et représentations favorables à leur santé ». Leurs évaluations par la MAFEJ ont mis en évidence que celles-ci ont permis de faire évoluer les représentations des jeunes sur la santé et les professionnels de santé. « Elles doivent en retour interroger le rôle des institutions dans l’accès et le recours aux soins parmi les jeunes », écrivent les auteurs, qui soulignent que l’un des enjeux des politiques publiques concerne notamment les discriminations encourues par les jeunes en matière de santé. Avant de signaler que des expérimentations du Fonds d’expérimentation pour la jeunesse actuellement en cours « permettront de disposer bientôt de constats affinés sur les inégalités sociales de santé des jeunes et parmi les jeunes ».

Notes

(1) En ligne sur www.injep.fr.

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