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La pudeur du crépuscule

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A chaque fois qu’elle passe reprendre son plateau, glissant furtivement un œil sur son contenu, l’aide-soignante pose la même question : « Alors, Monsieur Jean, on a bien mangé ? » Sa question a-t-elle un sens ? Parfois, Monsieur Jean voudrait « lui lâcher une réponse inattendue », mais c’est toujours la même qui sort : « Oui, merci. » « Je crois que je suis un peu lâche », en déduit-il. Aussi, depuis qu’il vit dans cette maison de retraite – « Quiétude du grand âge » –, le vieil homme éprouve toujours plus de difficulté à parler. Sa gorge se dessèche, et chaque fin de phrase s’estompe dans un souffle. « Pourtant, quand j’apostrophais un ouvrier aux serres, les vitres résonnaient du son que je parvenais à produire, se souvient l’ancien horticulteur. On me respectait rien que par ma voix. » Alors, son corps réduit à « un tas de chairs soumis au bon vouloir du personnel », Monsieur Jean s’évade par la pensée. Il contemple le portrait de ses parents, relit les lettres de son épouse disparue brutalement, observe le ballet des martinets dans le coin de ciel bleu que lui offre sa fenêtre, détaille les minuscules boutons du géranium que son fils a apporté. S’émerveille de toutes les manifestations…
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