Prison. Le cri du silence

« Ayez la peau de l'hippopotame et le cœur de l'ange », conseillait le Dr Schweitzer à ses assistants de Lambaréné. Telle est aussi, en substance, la philosophie de Paul Ruty, visiteur de prison, qui s'emploie, par l'écoute, à soulager la douleur du vécu carcéral. Officier de marine aujourd'hui à la retraite, Paul Ruty avait déjà pratiqué ce bénévolat pendant trois ans, alors qu'il était encore en activité. La soixantaine atteinte, il a récidivé, plus mûr, moins naïf et doté d'une oreille nouvelle : celle que lui a conférée la psychanalyse. Avec l'aide et sous le contrôle de Graciela Pioton-Cimetti, analyste présidente de l'association SOS Psychologue qui, elle aussi, a travaillé en prison lorsqu'elle vivait en Argentine, le « tout petit groupe » de visiteurs réuni par Paul Ruty réétudie chaque cas, afin de mieux comprendre les réactions des détenus rencontrés, et l'écho qu'elles suscitent en eux. S'impliquer et donner sa confiance sans se départir de sa lucidité et de la distance nécessaire pour savoir se détacher : qu'ils aient tué, violé ou volé, Paul Ruty essaie d'aider chacun de ses interlocuteurs à accoucher de sa vérité. Elle n'entretient souvent que des liens assez lâches…