La crise des banlieues

Depuis une quinzaine d'années, certains quartiers, à la lisière des villes, semblent endosser, voire incarner la crise sociale, l'exclusion et la violence. Au point que « tout se passe comme si la question urbaine était actuellement l'équivalent de ce qu'on appelait, au XIXe siècle, la question sociale », explique Jean-Marc Stébé. Auteur de cet ouvrage sur « la banlieue », pédagogique et percutant, le sociologue démonte patiemment ce phénomène et les nombreux clichés qui lui collent à la peau. La  « synthèse », qui fait notamment appel aux travaux essentiels de Jean-Marie Delarue, François Dubet ou encore Christian Bachman, est efficace. L'histoire urbaine croise celle des faubourgs, des banlieues rouges, des cités ouvrières et des utopies architecturales.Certes, les territoires périurbains, marqués par une forte ségrégation, sont divers. Mais comment en est-on arrivé à une telle diabolisation de certains de ces quartiers, s'interroge l'auteur ? Les réponses appartiennent en partie au passé. L'industrialisation massive, puis la désindustrialisation, avec son corollaire, la lente mort de la culture ouvrière, la construction des grands ensembles, la désillusion et la fuite des classes…