Le RMI a révélé l'importance des problèmes de santé des populations en difficulté, au premier rang desquels l'alcoolisme et les troubles de la santé mentale. C'est ainsi que les services instructeurs interpellent fréquemment les professionnels de psychiatrie pour les aider à prendre en charge ces situations, pour lesquelles ils se sentent démunis. Des demandes ressenties parfois comme inadaptées par les acteurs du champ médical. Que signifient ces difficultés de dialogue ? Que révèlent-elles du fonctionnement des institutions sociale et médicale ? Tel est l'objet de cette recherche menée dans le Calvados. Celle-ci relève les différences de représentation des acteurs, selon qu'ils appartiennent au champ social ou à la psychiatrie. Et même le partenariat, souhaité de part et d'autre, renvoie à des interprétations fort diverses. Selon Fabrice Dhume, chargé d'études à l'Observatoire de l'intégration et de la ville en Alsace, ces difficultés s'enracinent d'abord dans la crise identitaire que traversent les secteurs social et psychiatrique. Et se cristallisent autour des questions récurrentes :où s'arrêtent les rôles des institutions sociale et médicale ? Faut-il tout socialiser et/ou médicaliser pour permettre une bonne prise en charge ?Autant d'enjeux qui illustrent l' « insécurité professionnelle » des intervenants, au risque de faire passer au second plan les usagers.
RMI et psychiatrie : deux continents à la dérive ? - Fabrice Dhume -Ed. L'Harmattan - 140 F.