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Les violences urbaines relancent la politique de la ville

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Une fois de plus, il aura fallu que les banlieues s'enflamment pour que l'on prenne conscience de la nécessité de redonner une impulsion à la politique de la ville. Les violents incidents qui ont émaillé les fêtes de fin d'année, dans plusieurs grandes villes, semblent avoir donné le signal de la remobilisation pour une politique spécifique en direction des quartiers en difficulté. Premiers à réagir, bien évidemment, les maires des villes touchées par les violences, souvent pour réclamer une plus grande sévérité à l'égard des jeunes mis en cause. Ainsi, à Strasbourg, le maire socialiste, Roland Dies, s'est déclaré favorable à la mise sous tutelle des allocations familiales pour les familles des mineurs délinquants. Il a également préconisé de raccompagner les jeunes chez eux à partir d'une certaine heure. Une mesure déjà adoptée, cet été, par certaines municipalités et qui avait été vivement critiquée par des professionnels de l'intervention sociale et éducative (1).

Ces différentes pistes, et d'autres, ont également été évoquées, le 13 janvier, à l'Elysée, lors de la réunion sur la violence urbaine, organisée à l'initiative de Jacques Chirac, à laquelle ont participé 12 maires de villes moyennes particulièrement concernées par cette question (2). Lors de cette rencontre, les élus ont expliqué leurs difficultés au président de la République et discuté des remèdes à apporter. Les participants sont convenus de se retrouver, pour une nouvelle réunion, dans un mois environ.

Face à cette initiative présidentielle, Martine Aubry a annoncé la nomination prochaine d'un responsable gouvernemental chargé de la politique de la ville, qui pourrait être un secrétaire d'Etat. Une décision qui, en toute logique, ne devrait être effective qu'en février, après la remise du rapport sur la politique de la ville, qu'elle avait confié en septembre dernier à Jean-Pierre Sueur, maire d'Orléans (3) (4). Reste qu'à Matignon, on se montre plutôt prudent, soulignant que cette nomination est une « hypothèse ». Quant à Lionel Jospin, le 13 janvier, lors de ses vœux à la presse, il n'a pas confirmé la nouvelle, indiquant seulement qu' «  un plan gouvernemental en faveur de l'intégration et de la ville sera présenté dès le mois de février ». Les violences urbaines, a-t-il ajouté, sont les « symptômes d'une perte de repères née d'une dégradation des conditions de vie » et se produisent « dans les quartiers où sont concentrées toutes les difficultés de notre société ». Pour le Premier ministre, le rapport de Jean-Pierre Sueur « permettra de poser les fondements » d'une « relance vigoureuse de la politique de la ville ».

Reste à savoir si les solutions retenues seront à la hauteur des besoins exprimés sur le terrain, s'interroge Alexis Guénégo, secrétaire général de la CFDT Interco   (5), dans un éditorial publié dans Syndicalisme Hebdo du 8 janvier. « L'animatrice de maison de quartier en butte aux pressions psychologiques et physiques incessantes devenues insoutenables, de la part de ceux-là mêmes pour qui elle travaille, l'institutrice qui se demande le matin où elle va trouver l'énergie pour maintenir dans sa classe, toute une journée, les conditions nécessaires à l'acquisition des connaissances et des savoirs, ressentent durement la réalité des choses. Il en est de même pour l'assistante sociale confrontée aux effets des difficultés cumulées pour une même personne », rappelle le responsable syndical. « Les effets de la relégation et de la ségrégation urbaines s'accentuent. C'est cela la réalité majeure qui struc- ture l'exclusion et dont il convient de prendre la mesure. C'est cela qu'il faut changer. En s'attaquant résolument aux causes », poursuit-il, estimant qu' «  il est temps de faire preuve d'audace dans les solutions pour enfin organiser les villes et leurs agglomérations de sorte qu'elles soient de vrais lieux de civilisation ».

Notes

(1)  Voir ASH n° 2033 du 22-08-97.

(2)  Le PC, le PS, le RPR et l'UDF étaient représentés, à raison de trois élus par formation.

(3)  Voir ASH n° 2036 du 12-09-97.

(4)  Signalons en outre que le député socialiste Michel Pajon a été nommé, par le bureau de l'Assemblée nationale, président du groupe d'études « Villes et Banlieues » de l'Assemblée, chargé de réfléchir à des « solutions concrètes » aux problèmes des villes et des banlieues.

(5)  CFDT Interco : 47/49, avenue Simon-Bolivar - 75019 Paris - Tél. 01 40 40 85 50.

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