La société en sablier

« La société en sablier. » Par cette image - qu'il oppose à celle de la « société en montgolfière », symbole des trente glorieuses - l'économiste Alain Lipietz désigne la société française, marquée par la polarisation croissante des revenus entre une minorité de riches et une majorité de pauvres. «  Tandis, ajoute-t-il, que fond la part des classes moyennes. » Pour lui, plus qu'une crise, c'est un changement de modèle de développement qui se produit sous nos yeux, la nouvelle donne économique s'accompagnant d'une métamorphose de la société salariale et d'une profonde remise en cause de la sphère privée. Autrement dit, de tout ce qui constitue le lien social. Comprendre la logique de cette société en sablier et en mesurer les effets en termes d'inégalités et de précarisation : tel est le premier objectif d'Alain Lipietz. Quant aux solutions, il défend opiniâtrement le partage du temps de travail, «  seule politique pouvant avoir un effet massif sur le chômage ». Ce n'est pourtant «  pas une panacée », prévient-il aussitôt. «  Il faut la faire et faire autre chose aussi. » Par exemple, affecter les économies réalisées sur les budgets militaires à la création d'emplois dans les services…