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QUAND LE FOOTBALL FÉMININ PERMET LA SOCIALISATION

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Depuis deux étés, le club de football féminin de Valenton propose des séances d'entraînement accessibles à toutes. Point de départ à l'échange avec les jeunes.

Pour ce club de football féminin, les Reds de Valenton (1), le coup d'envoi est donné en novembre 1992 lorsque quelques joueuses de Rungis et de Villeneuve-le-Roi, suite aux dissolutions respectives de leurs clubs, décident de créer leur propre association. La première mi-temps est consacrée à la recherche désespérée d'une commune d'accueil et, en juin 1993, l'heureuse élue et unique candidate est Valenton, une petite ville de 12 000 habitants située dans la banlieue sud de Paris. « Concrètement, explique Muriel Chiron, présidente de l'association, un accord est conclu avec le club sportif de Valenton (CSV) pour les questions du siège social, de l'utilisation du stade et d'un véhicule de transport en commun. A côté, nous avons toujours souhaité garder la plus grande autonomie possible. »

Lorsque l'équipe senior d'un club atteint un certain niveau de compétition, ledit club est tenu de présenter au moins une équipe cadette (joueuses âgées de 13 à 16 ans). Il faut donc recruter : c'est le début de la seconde mi-temps. « Nous avons estimé que le meilleur moyen de nous faire connaître était d'aller au-devant des jeunes », explique Corinne Godefroy, correspondante des Reds. « Et au début de l'été 1993, nous avons proposé des séances d'initiation et de démonstration directement sur le terrain du CSV situé au cœur du quartier'La Lutèce ". » Un quartier qui regroupe des populations de 33 origines différentes, essentiellement africaine et maghrébine  (80 %).

Avec vue imprenable sur le stade

Tracts et affiches à l'appui, la dynamique se met peu à peu en place. On ne se bouscule pas devant les buts lors des premiers entraînements, mais le bouche-à-oreille se fait peu à peu l'écho du... ballon au pied. Et lorsque le lieu d'animation est un site de plein air visible de chaque foyer d'habitation, il s'ajoute un effet « fenêtre sur cour », si l'on peut dire, qui est réellement non négligeable. Score du premier été : une trentaine de jeunes filles répondent à l'appel. Une équipe cadette et une équipe benjamine sont constituées et quelques poussines (moins de 6 ans) inaugurent le lancement d'une petite école de football.

Cette année-là, 90 % des nouvelles recrues vivent à La Lutèce  un pourcentage qui est passé l'été dernier à environ 75 %. Tout doucement, le club commence à toucher La Lutèce extra-muros, notamment des zones pavillonnaires proches, mais les classiques rivalités interquartiers mettent à jour le revers de la médaille d'un espace de socialisation - en l'occurrence le terrain de football - trop centré. Aujourd'hui, à l'heure du troisième été de médiatisation, le club regroupe une soixantaine de joueuses réparties dans quatre équipes dont deux équipes seniors. Alors qu'aucun règlement ne l'obligeait à créer plus d'une équipe de jeunes.

Des retombées sociales

Certes, aucune intention à caractère social ne motive le projet. Il ne s'agit pas ici d'accompagner à long terme des jeunes filles en difficulté, ni même par l'intermédiaire d'une pratique sportive de chercher à augmenter les possibilités d'accroches éducatives. Et pourtant, même si les retombées sociales ne sont pas quantifiables, le résultat parle de lui-même :des dizaines de jeunes filles ont découvert la pratique régulière d'un sport collectif, l'organisation de la vie d'un club, l'esprit d'équipe et ses prises de responsabilité.

A cela s'ajoute la reconnaissance au niveau du quartier. Car le public auquel s'adresse le club est rarement aux premières loges lorsqu'il est question de projets d'activités. « L'essentiel, vraiment, est de venir les rencontrer dans leur espace, poursuit Muriel, le résultat aurait été le même avec du hand-ball ou du volley-ball. »

Plaisir du sport, responsabilisation et reconnaissance :voilà une expérience qui, quelle que soit sa durée, devrait apporter à chaque footballeuse quelques éléments au puzzle de son individualité. Lesquelles, au-delà de la simple demande d'activités, sont dans une quête de valorisation qui traduit un grand besoin d'attention et de structuration. Pourtant, avec 1 300 licenciées pour 12 000 habitants, le CSV multiplie les efforts pour tenter d'atteindre les différents types de population. Mais dans un quartier refermé sur lui-même, où les actions de développement socio-culturel ne remplissent pas une liste d'attente, il est indispensable pour qu'une vraie communication s'installe, que la rencontre soit véritable.D'autant plus lorsque l'on sait que 95 % des parents n'accompagnent jamais leur fille pour la voir jouer. A ce sujet, les déplacements, parfois lointains, symbolisent l'ouverture que représente le club. Car pour les joueuses, ces matchs « à l'extérieur » sont très importants : c'est l'occasion pour elles de bouger un peu, de sortir de Valenton.

Pascal Massé

Notes

(1)  Mme Chiron : c/o Club sportif - 94460 Valenton - Tél. 1 43.82.20.81.

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