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Handicap : "Que la ministre poursuive ses efforts et pense à nous !" (Adapei Sarthe)

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Enseignant détaché de l'Education nationale, Benoît Henkens coordonne le dispositif inclusif de l'Adapei en Sarthe. Il déplore le manque récurrent d'enseignants spécialisés, laissant sur le carreau nombre de jeunes en situation de handicap. 

Crédit photo D. R.
Cette année encore, de nombreux jeunes atteints de déficience intellectuelle ou de troubles du neurodéveloppement ne seront pas accueillis à l’école. Ou quelques heures seulement dans la semaine. Une situation que dénonce, entre autres, l’Adapei de la Sarthe, malgré les annonces du ministère de l’Education nationale.

Benoît Henkens est coordinateur pédagogique au sein du Dispositif inclusif Val de Loire de l’Association des amis et parents des personnes en situation de handicap intellectuel (Adapei) de la Sarthe. Il rend compte de la situation dans son département, où plus de la moitié des enfants accueillis n’ont aucune ou moins de six heures de scolarisation par semaine.

ASH : Comment se présente la rentrée scolaire ?

Benoît Henkens : De manière sensiblement identique à celle de l’année dernière. Le manque de moyens est évident. On observe un déficit d’enseignants pour la prise en charge des jeunes en situation de handicap.

Notre dispositif inclusif en accompagne 110. Et nous sommes six enseignants détachés de l’Education nationale pour nous en occuper. Ce qui demeure très faible pour accueillir des jeunes atteints de déficiences intellectuelles et de troubles du neurodéveloppement comme l’autisme. Ils ont un besoin d’accompagnement incomparable. Au fil de la semaine, j’accueille une trentaine de jeunes. Au maximum, les plus chanceux auront 9 heures de temps scolaires avec moi.

Et le reste du temps ?

Quelques-uns, de manière très marginale, intègrent une classe ordinaire. Et la plupart dans nos IME [instituts médico-éducatifs], avec le personnel d’accompagnement thérapeutique. Mais nous n’arrivons pas à répondre à un emploi du temps complet sur la semaine. Et certains jeunes doivent rester chez eux.

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Notre objectif est bien évidemment de répondre à la loi et de faire en sorte que chacun ait sa place dans l’école de la République. Mais dans les faits, faute de place, de moyens, de formation des enseignants, peu d’élèves fréquentent vraiment les écoles.

Le ministère a confirmé sa promesse de recruter 3 000 AESH à la rentrée, est-ce une avancée ?

C’est un plan global qu’il faut organiser en fonction de la situation des élèves : des AESH [accompagnants d'élève en situation de handicap] certes, mais aussi des locaux et des transports adaptés, des temps de répit…

Pour un jeune autiste ou qui présente des difficultés sensorielles, l’environnement produit un effet important. On essaye de mettre en point un maximum de choses positives. Mais on reste bloqué par le déficit d’enseignants spécialisés.

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Certes, tous les élèves n’ont pas les capacités d’être scolarisés à temps plein. Mais ils pourraient l’être à mi-temps tout en comblant l’autre mi-temps avec une prise en charge éducative et thérapeutique, organisée par l’IME. De ce point de vue, notre propre association, financée par l’ARS [agence régionale de santé], manque de ressources pour assurer ces prises en charge.

Ces recrutements d’AESH sont un simple pansement ?

L’association, pour le seul département de la Sarthe, dénombre 177 jeunes inscrits en liste d’attente, sans solution adaptée à leurs besoins. Certains sont inscrits dans une école classique, mais le plus souvent, ils restent chez eux.

Le ministère annonce aussi l’ouverture de 62 classes ou dispositifs supplémentaires pour des élèves porteurs de troubles du neurodéveloppement…

C’est bien mais peut mieux faire, notamment au regard des besoins. Cela fait plusieurs années que nous réclamons une classe d’inclusion au collège sur le secteur de La Flèche pour répondre aux demandes incessantes d’enseignants qui ne savent plus comment faire. Et nous n’avons pas de réponse. Que la ministre poursuive ses efforts et pense à nous !

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Il est temps de bousculer les choses, et que l’école et l’Education nationale respectent les dispositions de la loi. Cela passe par l’élaboration et la transformation de l’offre des dispositifs, en constituant notamment des dispositifs d’accompagnement médico-éducatif (Dame) en collaboration avec l’Education nationale.

Ce qui ne signifie pas fermer l’IME. Seulement accepter les enfants à l’école, en prenant en compte leurs besoins.

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