Equi-libre est un programme de médiation équine initié par Camille Boyer, cavalière et professeur de français au Collège Jean-Baptiste de la Salle à Téloché (72). Ce programme est porté par l’ensemble de l’équipe enseignante et administrative depuis 2015.
Pour aider les élèves à prendre confiance en eux et gérer leur stress, deux chevaux, Madouce et Rigolo, sont hébergés sur place et intégrés à certains cours de l’établissement. Jeux à pied, sophrologie, ateliers photo, écriture ou maths avec les deux chevaux... sont conçus pour aider les élèves à apprendre à se faire confiance, mieux connaître leur corps, leurs émotions, à découvrir leurs compétences et le plaisir d’apprendre. Cela se traduit par une scolarité plus sereine et plus efficace ainsi qu’une amélioration de la relation aux autres. Les élèves sont amenés à collaborer avec les chevaux lors d’un travail non noté. On voit ainsi Eléa entreprendre un parcours avec la jument en liberté, avec pour objectif de se faire suivre sans jamais la toucher. Paul et Anthony tentent de faire surmonter à Rigolo sa crainte de passer sous un portique à franges ; ils sollicitent l’aide de leurs camarades pour trouver une solution. L’observation patiente du comportement du cheval, du rythme auquel il marche et de ses mimiques une fois le « danger » passé, sont commentés et analysés avec les adultes. Les jeunes comparent avec des situations qu’ils ont vécues. Ils comprennent que chacun apprend à son rythme et doit s’adapter à l’autre en faisant preuve de patience. Adultes et adolescents bénéficient au quotidien de la présence des chevaux : « Je trouve qu’un cheval comprend mieux qu’un adulte. On le voit quand il nous regarde ou quand il nous écoute. Après avoir fait cette activité, je me sens plus zen. » (Dominique, en classe de 4e).
Jean-Marie Patard, docteur en sciences de l’Éducation, formateur à l’Institut des sciences de la communication et de l’éducation d’Angers, est le soutien scientifique du programme Équi-libre. « Au collège Saint Jean-Baptiste de la Salle, les enseignants ont cherché à mieux comprendre dans quelle mesure l’apport des neurosciences pouvait les aider à améliorer leur pratique pédagogique et en quoi le programme Équi-Libre avec les chevaux pouvait s’inscrire dans cette démarche. Les difficultés d’apprentissage tiennent parfois au fait que les enfants ne comprennent pas ce qu’on leur demande. Ils ont du mal à faire des liens, à organiser leur pensée. Leur démarche n’est pas cohérente. Lorsque ces enfants tentent d’agir avec un cheval, ils se heurtent à une difficulté car l’animal n’est pas disposé à se plier à leurs quatre volontés. Ils doivent donc apprendre le bon processus à mettre en place, le bon geste à faire pour y parvenir. Ils développent ainsi leur capacité d’attention, ils apprennent à inhiber, à planifier leur action. Cette démarche, entreprise avec le cheval, est transférable à d’autres situations d’apprentissage dans lesquelles le bon processus, le bon geste sont nécessaires pour obtenir un résultat. C’est dans cet esprit que je travaille avec l’équipe du collège, afin d’imaginer de modifier et d’enrichir, la pratique enseignante. Il ne s’agit pas de transformer les enfants en cobayes des neurosciences mais de mettre en pratique les expériences menées durant l’année et d’intégrer pleinement Equi-Libre dans le programme d’enseignement. »