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LES CAS DU SYNDROME D’ASPERGER

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Dans le cas de structures connues sous le nom de syndrome d’Asperger, la situation psychique est différente : il s’agit en effet davantage d’organisations ou dominent des angoisses majeures de type névrotique. Les inhibitions relationnelles sont importantes, ce qui a permis l’assimilation avec l’autisme, même si cette forme est fondamentalement différente des autres typologies de cette pathologie-handicap.
L’angoisse (majeure et centrale) est ici d’une nature spécifique : le sujet éprouve le risque permanent d’être détruit par l’autre, bien réel, en raison de sa propre imperfection, de son incapacité à satisfaire les attentes incommensurables qui emplissent l’inconscient d’exigences abyssales.
Chez les patients en proie au syndrome d’Asperger, cette angoisse est d’autant plus envahissante qu’elle s’ancre et s’enracine profondément dans l’inconscient souvent très tôt dans l’existence, et qu’elle reste prisonnière de l’insu et donc de l’indicible : seules des conduites de conjuration face à la pression de la souffrance permettent d’en expulser quelques bribes. C’est ce qu’expriment la plupart de ces personnes, lorsque, devenues adultes et en partie dégagées de l’emprise de l’épouvante, elles peuvent évoquer leurs ressentis. C’est par exemple le cas de Donna Williams (1) qui décrit ces moments de terreur face à la mort immanente et qui courrait de façon désemparée jusqu’à se jeter contre les murs de sa chambre, tel un oiseau contre les vitres, pour lui échapper. Ne nous y trompons pas : il s’agit bien ici de véritables paniques face à un danger de mort identifié, ce qui est fort différent des situations psychotiques dont nous venons de parler.
Les modalités d’organisation de ces patients sont relativement élaborées du point de vue de leur développement et de leur accès au réel, même au réel de la connaissance car la plupart d’entre eux ont accès aux apprentissages et leur niveau intellectuel reste important, certains développant même des capacités hors du commun dans l’un ou l’autre domaine des fonctions mentales dites supérieures. Chez eux, la question de l’identité, de la reconnaissance de soi, est prédominante : ces sujets sont à la recherche d’une place repérée et fiable parmi les autres, l’entourage social et affectif. Les angoisses qui les tenaillent à ce moment de leur organisation psychique vont être à l’origine de fonctionnements souvent conflictuels dans les interactions avec le monde. Certains franchissent même l’étape ultérieure du développement qui conduit à la période de construction de la projection imaginaire et de la créativité, étape transitionnelle vers la constitution d’une personnalité apte à s’adapter à l’ensemble des vicissitudes des relations culturelles et interhumaines.
Chez ces personnes, la violence est rare. Elle ne survient que lorsque les défenses sont mises à mal, lors de circonstances environnementales qui, ici encore, constituent une menace dont le sujet ne peut que se défendre, parfois maladroitement (avec éventuellement une certaine violence), faute de pouvoir gérer la distanciation. On peut à ce titre entendre ce qu’en écrit par exemple Josef Schovanec, qui dit de lui qu’il « vit avec l’autisme », « de type Asperger » précise-t-il. Dans son premier livre (2), il évoque plusieurs aspects de sa vie, son rapport au diagnostic, sa passion des langues (il en parle une dizaine !), ses études supérieures (il est sorti diplômé de Sciences Po, il est docteur en philosophie), son travail, et ses relations souvent difficiles pour lui : « L’apprentissage des contacts sociaux devrait comporter un apprentissage des moyens de se défendre ». Il ajoute : « cette approche sécuritaire demande des efforts parfois excessifs ».
Si les interactions humaines sont difficiles pour elles, les personnes souffrant de cette forme d’autisme se manifestent eu égard à la violence de la même façon que la majorité des gens névrosés. Les différences individuelles sont nombreuses et chaque personne va pouvoir s’engager ou pas dans une interaction avec autrui, mais jamais sans difficulté, et parfois, pour eux aussi, le sentiment de menace ou de danger émanant d’un autre ou de l’environnement peut générer des réactions de défense éventuellement plus ou moins violentes.


(1)
Donna Williams, si on me touche, je n’existe plus, J’ai lu, 1999


(2)
Josef Schovanec, Je suis à l’Est !, Plon, 2012

SECTION 5 - L’AXE DU RETRAIT AUTISTIQUE

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