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Les formations « seconde chance »

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Les formations « seconde chance » s’adressent aux jeunes de 18 à 25 ans dépourvus de qualification professionnelle. Elles peuvent prendre deux formes : les « écoles de la deuxième chance » (E2C) et le dispositif « Défense deuxième chance ».


A. LES « ÉCOLES DE LA DEUXIÈME CHANCE »

[Code de l’éducation, articles L. 214-14 et D. 214-9 à D. 214-12 ; circulaire DGEFP n° 2009/13 du 5 mai 2009]


I. L’objet du parcours

Les « Ecoles de la deuxième chance » (E2C) proposent aux jeunes de 18 à 25 ans, dépourvus de diplôme ou de qualification professionnelle, un parcours de formation personnalisé centré sur les savoirs de base (lire, écrire, compter, notions d’informatique et d’une langue étrangère) et incluant une période en alternance.
Le jeune est impliqué dans la conception de son parcours de formation et participe largement à l’élaboration du projet d’insertion sociale et professionnelle qui y est associé.


II. Le déroulement du parcours

Le parcours comporte obligatoirement quatre temps, durant lesquels l’enseignement des savoirs de base occupe une place majeure :
  • un premier temps d’intégration progressive permet une évaluation du niveau scolaire, du sérieux et de la motivation du jeune ;
  • un deuxième temps est consacré à l’émergence du projet d’insertion sociale et professionnelle ;
  • un troisième temps, temps d’apprentissage de gestes et de comportements professionnels élémentaires, est réalisé en partenariat avec des entreprises locales ;
  • le dernier temps constitue la préparation de la sortie de l’école. Ce temps est consacré soit à la recherche et à la signature d’un contrat d’aide à l’insertion (contrats uniques d’insertion, contrats de professionnalisation) ou d’un contrat d’apprentissage, soit à l’entrée dans une formation qualifiante reconnue.
L’ensemble du parcours ne peut excéder quatre ans. Ces écoles « pas comme les autres » offrent une seconde chance aux jeunes de rebondir professionnellement et socialement.
Les « Ecoles de la deuxième chance » s’appuient sur un partenariat fort avec les entreprises et proposent au cours de la période d’accompagnement : des stages de découverte de l’entreprise, des stages de découverte des métiers, puis des stages de formation professionnelle.
A l’issue du parcours, le jeune reçoit une attestation de compétences acquises personnalisée. Laquelle lui permet de mesurer les progrès accomplis au cours de son passage au sein de l’E2C avec l’objectif de faciliter l’accès à l’emploi ou à une formation professionnelle qualifiante à la sortie du parcours.


B. LE DISPOSITIF « DÉFENSE DEUXIÈME CHANCE »

Ce dispositif s’adresse aux jeunes connaissant de grandes difficultés d’insertion sociale et professionnelle. Il leur permet de bénéficier d’un parcours de formation et d’orientation.
Les jeunes accueillis dans ce dispositif bénéficient d’un statut particulier et signent un contrat de volontariat pour l’insertion. Leur accompagnement et leur formation s’effectuent dans l’un des 20 centres dits « Défense deuxième chance » (CD2C) gérés par l’EPIDe.


I. Les jeunes concernés

Les centres EPIDe accueillent des jeunes âgés de 18 à 25 ans révolus, volontaires qui répondent aux critères suivants :
  • être sans qualification professionnelle ni emploi ;
  • être en situation de retard ou de difficulté sur le plan scolaire ;
  • en règle ou prêts à se mettre en règle avec la journée d’appel de préparation à la défense ;
  • médicalement aptes.


II. Le projet pédagogique

Il conjugue une formation générale et citoyenne et un projet professionnel. Ces apprentissages (savoir-être, savoir-faire, respect de l’autorité...) se réalisent en centres EPIDe où les jeunes effectuent un parcours très encadré, avec une discipline stricte définie par le règlement intérieur, des cours à effectif réduit (15 personnes en moyenne) et une organisation structurée.
Le parcours, exclusivement dispensé sous le ré-gime de l’internat de semaine, peut aller de 8 à 24 mois. Pendant ce laps de temps, l’approche individualisée se conjugue à une dynamique collective que permettent le régime de l’internat et un cadre bien défini (horaires fixes, uniforme, règlement à respecter...). Ainsi, la vie en collectivité et cette double approche pendant plusieurs mois facilitent l’appropriation par les jeunes des codes et des repères comportementaux.


III. La formation

La formation vise à :
  • assurer une remise à niveau des fondamentaux (français, mathématiques, sport, informatique, sécurité routière). Il est ainsi offert aux jeunes d’obtenir le CFG, le PCIE, le SST, le code de la route et de se présenter au permis de conduire tout en participant à des activités dynamiques propres à les ouvrir au monde et à la société ;
  • aider les jeunes à surmonter les problématiques particulières telles que l’illettrisme ou l’apprentissage du français comme langue étrangère ;
  • permettre au jeune de s’approprier le sens et l’esprit des règles qui régissent notre société ;
  • permettre au jeune de s’approprier un projet professionnel et d’acquérir les compétences cognitives ou les capacités physiques nécessaires pour le réaliser.

a. La formation générale

Elle se compose d’une remise à niveau scolaire ; d’un programme de formation physique (éducation physique et pratique sportive régulière) ; de l’informatique avec la possibilité de passer le Passeport de compétences informatiques européen ; de la sécurité routière (sensibilisa-tion des jeunes et préparation au permis de conduire) et de la formation au secourisme du travail (diplôme SST).

b. La formation citoyenne

Elle est concrétisée par « le parcours civique EPIDE » qui est une mise en perspective d’un ensemble d’apprentissages (acquisition de savoirs, actions concrètes...). Elle permet à chacun d’acquérir les compétences sociales, et de devenir ainsi acteur de la société.


IV. Le projet professionnel

Les objectifs de l’accompagnement vers l’emploi visent :
  • l’orientation professionnelle. Cette démarche de co-construction du projet permet de positionner le jeune en acteur responsable de son choix professionnel ; sécuriser son projet au travers de différents outils de validation (présentation de métiers porteurs, stages en entreprise...) ; impliquer fortement les grandes entreprises partenaires dans la phase de découverte des métiers ; agir sur les représentations négatives attachées à certaines filières et dépasser les stéréotypes masculin-féminin ;
  • la formation professionnelle. Des moyens d’intervention sont mobilisés au profit du jeune pour répondre aux attentes des employeurs et mettre en adéquation les compétences des volontaires et les prérequis exigés par le métier. Des formations sont réalisées au sein de certains centres qui répondent aux besoins des filières en tension (BTP, logistique magasinage, services à la personne, mécanique...) ;
  • l’insertion professionnelle. Les actions déployées pour aider les jeunes dans leur insertion s’appuient sur une politique de développement de partenariats auprès des entreprises locales et des relais socio-économiques ; une prospection des offres d’emploi, orientée en fonction du projet professionnel du jeune ; des ateliers (bourse de l’emploi, techniques de recherche d’emploi, rédaction du CV...) sont proposés dans le but de responsabiliser le volontaire et d’optimiser ses chances d’aboutir à la signature d’un contrat de travail ; un suivi post-embauche est assuré afin de sécuriser la trajectoire professionnelle du jeune.


V. L’accompagnement sanitaire et social du jeune

Un soutien et un appui sont apportés au jeune prioritairement dans les domaines de l’hébergement, du logement, de la mobilité et de la santé pour lui permettre de régler les problèmes périphériques qui constituent un frein à sa démarche professionnelle et à la réussite de son insertion durable dans l’emploi.
Le jeune perçoit une allocation mensuelle non imposable plafonnée à 300 € par mois. Il est couvert pour les risques maladie, maternité et invalidité.


Les dispositifs « deuxième chance », un premier bilan

Les dispositifs « deuxième chance » ont principalement pour objet de réconcilier certains jeunes avec l’école afin de leur donner la possibilité de poursuivre un cursus scolaire, de suivre une formation, de décrocher un diplôme et de réussir leur entrée dans la vie active. Ces dispositifs concernent environ 7 000 jeunes par an, alors que 120 000 à 150 000 jeunes sortent chaque année du système scolaire sans diplôme.
Créer un dispositif dans chaque département
Le Conseil économique, social et environnemental (CESE) est favorable à leur développement, en veillant à ce que ces dispositifs restent concentrés sur les jeunes les plus en difficulté et que leur répartition géographique soit plus équilibrée (1) Aussi préconise-t-il la création d’un dispositif de la « deuxième chance » dans chaque département ainsi que dans chacun des territoires ultramarins. Le CESE suggère la mise en œuvre d’un dispositif de « deuxième chance » au sein de l’Education nationale et dans l’enseignement agricole. Ces structures auraient vocation à répondre de manière spécifique aux jeunes décrocheurs de 16 à 18 ans avant que ceux-ci ne s’installent dans une logique de déscolarisation. La prise en charge des décrocheurs est en effet marquée par une discontinuité importante, et il peut se passer plusieurs années avant une sortie du système scolaire et la prise en charge par une mission locale.
Pour pouvoir être rescolarisé, un jeune qui décroche a besoin d’un sas lui permettant de définir son projet personnel et professionnel, de sortir de la spirale de l’échec scolaire, d’être mis en confiance par rapport à l’école à travers un travail sur les savoirs fondamentaux, d’acquérir des compétences transversales de socialisation. Cette transition, en fonction du profil du jeune pourrait durer de trois mois à une année scolaire, avec une prise en charge d’une trentaine d’heures hebdomadaires, totalement individualisée. S’inscrivant en complément des structures innovantes (une dizaine de « micro lycées » et établissements équivalents) qui ont été créés depuis 2000 mais restent malheureusement aujourd’hui à un stade expérimental, un dispositif deuxième chance pourrait être créé dans l’établissement référent de chaque district, prioritairement en lycée professionnel. Cette structure, animée par un coordinateur, mobiliserait une équipe pluriprofessionnelle avec des enseignants spécialisés, des personnels médicaux, sociaux et des intervenants extérieurs. A l’issue de cette prise en charge, l’élève en fonction de son projet serait accompagné vers une rescolarisation ou une formation en alternance.
Regards croisés
De son côté, le Conseil d’analyse économique (CAE) (2) souligne que les évaluations du programme américain des Job Corps, fondé dans les années 1960, montrent que pour les adolescents ou les jeunes adultes qui ont décroché du système scolaire, seuls des programmes longs et intensifs sont efficaces. Ce programme offre un éventail complet de formation en matière d’enseignements de base et de compétences non cognitives (activités de socialisation), afin d’acquérir une qualification certifiée et de vraies chances de trouver un emploi à l’issue d’une année entière de prise en charge (plus de 1 000 heures en moyenne). Ce programme coûte cher, environ 16 500 dollars par participant. Toutefois les participants s’en sortent mieux en matière d’accès à l’emploi et de salaire, leur taux de criminalité est plus faible, leurs besoins ultérieurs de formation sont réduits. Outre son caractère intensif et ciblé, le succès de cette politique résulte de son mode de management qui valorise au sein de chaque centre l’obtention de résultats tangibles.
En France, ce type de dispositif se développe, avec le réseau des « Ecoles de la deuxième chance » (E2C, 70 sites) et, depuis 2005, l’établissement public d’insertion de la défense (EPIDE, 20 centres). Le coût de la formation en E2C se situe autour de 10 000 € par an et par participant. Celui de l’EPIDE est 3,5 fois plus important, notamment car l’EPIDE présente l’avantage d’offrir, à l’instar des Job Corps, une solution de logement, d’aborder les aspects non cognitifs et d’offrir une allocation de 300 € par mois. Cependant, les moyens sont encore largement insuffisants : 2 500 places seulement en EPIDE (huit fois moins qu’initialement envisagé), 11 000 jeunes en E2C, et une dépense totale de 200 M € ; les compétences acquises manquent de reconnaissance vis-à-vis des employeurs et, surtout, l’efficacité réelle de ces programmes n’a jamais été vraiment évaluée, ce qui en limite le développement.


(1)
Rapport « L’emploi des jeunes », Conseil économique, social et environnemental, décembre 2012, Recommandation n° 7, p. 77.


(2)
Cahuc P., Carcillo S. et Zimmermann K. F., « L’emploi des jeunes peu qualifiés en France », note du CAE n° 4, avril 2013, p. 5.

SECTION 3 - L’ACCOMPAGNEMENT DES JEUNES EN DIFFICULTÉ

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