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Dispositif « 1 jeune, 1 mentor » : un premier bilan d'étape

Un jeune et son mentor dans le secteur viticole.

Crédit photo DR
En 2023, le mentorat au service de l'insertion professionnelle des jeunes en difficulté a été promu « grande cause nationale ». L'occasion pour l'Injep (Institut national de la jeunesse et l'éducation populaire) de publier un rapport sur les premiers résultats d'un dispositif « caméléon », qui s'assimile à la fois à du tutorat ou à du coaching.

Le plan « 1 jeune, 1 solution », lancé en mars 2021, entend offrir une solution à chaque jeune fragilisé en termes d'orientation, de formation, de valorisation des compétences, d'embauche, d’aides financières, etc. Dans ce cadre, et pour lutter contre l'inégalité des chances, le dispositif « 1 jeune, 1 mentor » s’adresse à des enfants, des adolescents et des jeunes de 5 à 30 ans. Porté par les ministères de l’Education nationale et de la Jeunesse, et du Travail, de la Santé et des Solidarités, l’enjeu est d’« accroître le nombre de jeunes bénéficiant d’un accompagnement à travers le déploiement d’une offre de mentorat sur l’ensemble du territoire ».

L’évaluation du plan, qui s’appuie, entre autres, sur une étude ayant démarré en janvier 2023, a été confiée à l’Injep (Institut national de la jeunesse et l'éducation populaire) qui publie son premier rapport d’étape. L’année dernière, 160 000 jeunes ont bénéficié d'une relation de soutien, encadrée par une association. Parmi les principaux enseignements :

  • Le coût relativement faible du dispositif : en moyenne 400 € par binôme mais pouvant atteindre 1 000 € par jeune suivi dans les petites associations. 
  • La diversité des programmes et des structures : l’aide à, l’orientation, l’insertion professionnelle ou la valorisation des compétences constituent entre deux tiers et trois quarts des accompagnements. Les associations représentent 90 % des structures contributives mais un quart a suivi moins de 100 personnes contre plus de 5 000 pour cinq d’entre elles. Seules 20 % sont strictement dédiées au mentorat, les autres mixant leurs activités avec d’autres actions d’aide aux jeunes.
  • Le recrutement des mentors : dans 18 % des cas, il se fait par le bouche à oreille ou directement par la structure ; dans 10 % à 14 % par les réseaux sociaux ou le site « Je veux aider » ; dans 2 % uniquement par la plateforme « 1 jeune, 1 mentor ». La moitié des mentors bénévoles sont des salariés, dont la plupart sont entrepreneurs et indépendants, 16 % sont des étudiants. Parmi les chargés de mentorat, une majorité de femmes, de personnes multi-engagées et beaucoup de jeunes en service civique.
  • Les jeunes mentorés sont pour 57 % en lycée professionnel ou à l’université, les demandeurs d’emploi représentent 18 % du public suivi et les jeunes de l’aide sociale à l'enfance, 6 %. Les jeunes des classes populaires attendent surtout des objectifs concrets qui répondent à leurs besoins.
  • Un accompagnement « hybride » : 29 % des associations misent sur la seule rencontre en présentiel, 16 % préconisent spécifiquement le distanciel et la moitié mixent les deux formats.
  • La durée de mentorat s’avère inférieure à 6 mois dans un quart des situations, alors que le cahier des charges du plan précise qu’elle doit être obligatoirement supérieure. Un phénomène qui s’explique en partie par des « ruptures anticipées de la relation de mentorat ».

En attendant la suite de l’évaluation, l’Injep note « une certaine réussite » du plan ayant pu capter rapidement un grand nombre de jeunes. Cependant, son comité scientifique estime qu’« un effort d’accroissement de la notoriété des programmes de mentorat semble encore nécessaire », et ce autour de la plateforme « 1 jeune, 1 mentor », trop peu connue.

Vérifier les antécédents judiciaires des mentors

Plus inquiétant, l’Injep attire l’attention sur l’insuffisance de considération du « risque de violence sexuelle de la part des mentors » lors de leur sélection. Or l’occurrence d’abus est notoirement reconnue dans les pays anglo-saxons où le mentorat est répandu depuis longtemps. « La vérification des antécédents judiciaires des mentors pourrait notamment être systématisée », préconise l’institut à l'instar des propositions de la Ciivise (Commission indépendante sur l'inceste et les violences sexuelles faites aux enfants) envers les professionnels qui exercent auprès de mineurs.

>>> Lire aussi : ASE : un mentor pour voler de ses propres ailes

L'Injep insiste aussi sur l'utile allongement de la formation des mentors, trop courte et pas toujours obligatoire. Le turn-over des chargés de mentorat peut également nuire « à la qualité de l’accompagnement », qu'il impute particulièrement « à la précarité des statuts et au recours massif au service civique » et donc à des jeunes qui manquent d'expériences. C'est pourtant de la qualité de l'accompagnement justement que dépendent souvent les effets du mentorat. Enfin, il propose qu’un entretien de fin de mentorat soit systématisé pour faire le point sur la relation au mentor et l’orientation du jeune si besoin.

Les résultats de l'évaluation finale du dispositif sont attendus au premier semestre 2025.

 

>>> Le rapport de l'Injep

 

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