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Le syndrome « Orpea »

Orpea n’est plus une marque, si ce n’est d’infamie, et encore moins un nom propre : c’est devenu un lieu commun (d’ailleurs, ils ont changé de nom, on dit Emeis maintenant).

« Moi, je n’attendrai pas de drame ou de scandale à la Orpea pour agir » dans les micro-crèches. C’est Sarah El Haïri, ministre déléguée chargée de l’enfance, de la jeunesse et des familles, qui l’affirme sur France 24. Elle ajoute : « On a fait évoluer la loi et donc, aujourd’hui, j’ai la possibilité de saisir des inspecteurs et de faire des contrôles massifs, XXL. » Et de conclure, implacable : « Quand on n’a rien à cacher, on n’a pas peur des contrôles. »

Ce jour-là (le 26 mars), la ministre s’adressait aux professionnels de la petite enfance. La veille, c’était son homologue Fadila Khattabi, chargée des personnes âgées et des personnes handicapées, qui annonçait son plan contre les violences sur les personnes vulnérables. Une annonce qui reprenait nombre de mesures issues des états généraux de la maltraitance, qui se sont tenus en 2023 à la suite de… devinez quoi, le scandale « Orpea ».

L’onde de choc provoquée par la publication en 2022 du livre-enquête Les Fossoyeurs, du journaliste Victor Castanet, n’en finit pas de se propager à tous les étages du monde médico-social. Car les mesures annoncés par Fadila Khatabi le 25 mars contre les mauvais traitements infligés aux personnes vulnérables ne se limitent pas aux Ehpad. Cette « mobilisation générale » contre les maltraitances se traduira par des contrôles accrus et renforcés dans tous les établissements sociaux et médico-sociaux.

Une « mobilisation » qui intervient le lendemain de la programmation des Dossiers noirs du handicap, diffusés sur Zone interdite (M6). Ce docu choc décrit crûment le calvaire des aidants et les maltraitances, volontaires ou pas, sur les personnes en situation de handicap.

L’enquête est édifiante : de l’école inclusive, excluante de fait, aux sévices subis par un jeune adulte en IME, en passant par l’absence de places dans les établissements qui pousse à bout les familles, le tableau est complet, et il est d’un noir profond.

Là encore, un parallèle avec le système « Orpea » est évoqué. Et, comme après la parution des Fossoyeurs, le scandale peut vite éclabousser toute une profession. Sauf qu’on voit aussi dans ce documentaire des travailleurs sociaux exemplaires. Comme cette éduc dotée d’une patience qui force l’admiration quand elle apaise un jeune adulte atteint de troubles du spectre autistique en plein crise. Ou comme ce lanceur d’alerte qui s’indigne de l’état de délabrement des établissements et des conditions indignes dans lesquelles il exerce.

Oui, il faut dénoncer les maltraitances. Et, à cet égard, le docu de M6 prend aux tripes. Mais il ne faut pas oublier celles qu’éprouvent les professionnels d’un secteur brutalisé par des coupes budgétaires. Un secteur associatif qui, contrairement à Orpea, ne travaille pas pour des actionnaires mais pour le bien public.

Et on en parle, du « pognon de dingue » que coûte à la société les aidants qui doivent quitter leur travail pour s’occuper à plein temps de leurs enfants ? Il ne faut pas seulement plus de contrôles, il faut surtout plus de moyens. Ah oui, mais non, désolé : c’est le retour de la rigueur.

Édito

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