Florentine est arrivée en retard. La faute à pas de chance, elle n’avait que quinze minutes de battement entre deux interventions, dont douze de trajet, mais il y avait une déviation. Le GPS l’a trimballée dans la campagne et elle voyait les minutes défiler, elle enrageait contre le service qui ne l’avait pas prévenue, contre elle-même et contre l’usager qui le lui reprocherait.« Huit minutes de retard. » C’est par ces mots qu’elle a été accueillie, sans même un « bonjour », juste ce reproche cinglant asséné par l’épouse mécontente. Elle a tenté de se justifier, en vain. Alors elle s’est tue et a fait son travail en silence. L’épouse appellerait-elle le service pour se plaindre d’elle, du ménage d’une collègue et des courses d’une autre ? Sûrement. En disant que, quand même, ça n’était pas la première fois et que ça ne pouvait pas continuer ainsi. Elle imaginait déjà la suite : une convocation bien en règle, l’une après l’autre, dans le bureau de la nouvelle responsable pour remettre les choses au point, ou plutôt pour améliorer les pratiques professionnelles, comme celle-ci le disait poliment. N’empêche, le résultat serait le même, elle se sentirait humiliée, peinerait à trouver ses…
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