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Légitimité et taux de rentabilité

C’était le 13 avril dernier. En plein confinement, lors d’une allocution télévisée regardée par plus de 33 millions de Français (un record), Emmanuel Macron déclarait : « Sachons sortir des sentiers battus, des idéologies, et nous réinventer. Moi le premier. » Tous les analystes politiques de la place de Paris y ont immédiatement vu le signe d’une autocritique ; les mêmes prédisant aussitôt la fin des réformes de l’assurance chômage et du régime des retraites, qui ont suscité une contestation massive ces derniers mois.

A l’ombre du Covid-19, il s’agissait de restaurer l’Etat-providence et de refonder notre contrat social autour des valeurs du « care », une philosophie du « prendre soin » pourtant moquée une décennie durant.

Alors que la menace pandémique s’étiole, ces élans keynésiens semblent déjà appartenir aux péripéties de l’histoire. La réforme de notre système de pensions par répartition ? Le projet n’est pas totalement écarté. De même pour celle de l’indemnisation des chômeurs. Qu’en sera-t-il des contrats à impact social (CIS), auxquels les ASH consacrent cette semaine un dossier complet ? Ces CIS autorisent des investisseurs privés à financer des projets sociaux contre rémunération en cas d’atteinte d’objectifs fixés au préalable. Des taux de rentabilité qui peuvent atteindre 6 % par an et sont évidemment garantis par l’Etat ou des collectivités territoriales.

Une généralisation de ce type de contrat poserait une triple question de légitimité. Primo, les investisseurs privés ont-ils vocation à se substituer à l’Etat dès lors qu’il s’agit de prendre en charge des populations en difficulté ? Il existe un risque de ne choisir que les secteurs les plus « bankables », au détriment de ceux où aucun progrès n’est possible. Secundo, les acteurs du privé sont-ils plus à même de répondre aux besoins de ces publics, alors même que ce n’est pas le cœur de leur métier ?

Enfin, se pose LA question morale : des banques ou de grands investisseurs, qui déploient de très sophistiquées stratégies d’optimisation fiscale, peuvent-ils prétendre à gagner encore plus en investissant dans des projets où l’argent de l’impôt fait cruellement défaut ?

La nature des réponses à ces trois interrogations revêtira une dimension symbolique, dont nous pourrons déduire le projet de société que nous propose désormais le chef de l’Etat.

Éditorial

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