Selon Eurocarers, l’association européenne de représentation des aidants, il y aurait 100 millions d’« aidants informels » sur le sol européen. Mais tous ne jouissent pas du même statut, de la même reconnaissance. Par exemple, en Suède, les dispositifs sont multiples notamment car les politiques liées à l’emploi ont permis une certaine flexibilité de l’aménagement du temps et des conditions de travail. Selon une enquête de la direction de la santé du pays, en 2015, « plus d’une personne sur cinq serait un aidant, soit 1,3 million de personnes », indique Dominique Acker, ancienne conseillère pour les affaires sociales à l’ambassade de France en Suède. Et d’ajouter que « 900 000 d’entre elles sont en emploi (soit 70 % des aidants, bien au-delà des chiffres français) ».
Selon cette étude, il existe une très grande variabilité de l’aide apportée : 31 % des aidants aident tous les jours, 46 % au moins une fois par semaine et 23 % au moins une fois par mois. De plus, le volume des soins délivrés est de 1 à 10 heures pour 65 % des aidants mais 20 % des aidants ont plus de 20 heures par semaine. « Pour eux, la conciliation travail-aide est nécessairement compliquée », souligne Dominique Acker. Ainsi, 3 % des aidants ont cessé de travailler et 100 000 ont réduit leurs heures de travail. Plus précisément, 40 % de ceux qui produisent plus de 11 heures de soins par semaine ont réduit leur temps de travail. Parmi eux, 16 % de femmes et 11 % d’hommes.
« Cependant, depuis 2001, il y a un statut des aidants, renseigne encore celle qui est inspectrice générale honoraire à l’IGAS. Ils ont des congés indemnisés à hauteur de 80 % de leurs salaires (plafonnés à 2 700 € par mois). Ils ont le droit à 100 jours indemnisés, qu’ils peuvent prendre de manière fractionnée. »
Mais ce modèle est-il transposable en France ? « La loi relative à l’adaptation de la société au vieillissement a permis de définir un certain nombre de choses (statut de l’aidant, valorisation des proches, temps de répit…). On y retrouve les éléments fondateurs de l’aide aux aidants telle qu’elle existe en Suède », estime Dominique Acker qui relève cependant plusieurs bémols. « En France, l’aide à domicile est moins développée, les incitations du côté du monde du travail sont beaucoup moins importantes, les modalités d’aménagement du temps de travail sont bien moins diversifiées… ». A voir donc ce que la loi « grand âge et autonomie », prévue pour la fin de l’année, va changer.