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La République en plans ou en plan ?

APRÈS UNE PREMIÈRE PHASE OÙ IL A MIS L’ACCENT SUR LES RÉFORMES ÉCONOMIQUES à orientation libérale (ordonnances « travail », loi sur la formation, projet « Pacte ») visant à rassurer les économiquement forts et les fameux « premiers de cordée » – ce qui lui a valu l’étiquette de « président des riches » –, Emmanuel Macron change de cap ou rééquilibre sa politique. A moins qu’il n’applique une stratégie cachée.

Coup sur coup, le Président a annoncé un plan « pauvreté » et un plan « santé ». Le premier a pour objectif d’aider ceux qui sont en situation d’exclusion sociale à remonter la pente. Le second vise à remédier aux maux structurels de notre système de santé. Mais, au fond, il s’agit d’un seul et même objectif. Dans les deux cas, l’enjeu est de casser une dynamique sociale relevant du cercle vicieux.

Toutes les études montrent que l’exclusion et la pauvreté se transmettent de génération en génération. Ceux qui sont nés du « mauvais » côté de la barrière sociale ne peuvent pas la franchir dans l’autre sens parce que l’école ne joue plus son rôle d’égalisateur républicain, et surtout parce que le système économique darwinien élimine ceux qui n’ont pas les bons codes et les bons parcours. Selon l’expression consacrée, l’ascenseur social est tombé en panne, ou plutôt est retombé en panne. En effet, l’économiste Thomas Piketty a démontré que, à l’exception de la période enchantée des Trente Glorieuses, le déterminisme social est une constante de l’Histoire.

Dans la santé, les inégalités ne sont pas directement et totalement liées aux moyens financiers, dans la mesure où 100 % des résidents légaux en France ont une couverture maladie, y compris les plus démunis, avec la couverture maladie universelle. Les inégalités sont d’abord territoriales. Les bons hôpitaux et les bons médecins sont dans les villes. Les déserts médicaux se déploient à leurs portes, à commencer par la capitale, dont l’offre de soins est surabondante et qui côtoie la Seine-Saint-Denis – le fameux « 9-3 » –, un des plus importants déserts médicaux du pays. L’exclusion économique se cumule avec l’exclusion sanitaire pour donner naissance à une vertigineuse fracture sociale générant des risques politiques.

Au-delà des stratégies politiques, le Président ne peut pas ne pas être conscient des enjeux sociétaux qui se cachent derrière ces évolutions économiques. Des classes moyennes menacées de dégradation de leur statut social, un chômage structurel qui ne cesse d’augmenter, une pauvreté qui progresse et un populisme qui, comme partout en Europe, se développe sur ce terreau dangereux.

Reste à savoir si deux plans, même bien ficelés et bien mis en scène, suffiront à inverser des tendances lourdes. Il faut le souhaiter car, à défaut, c’est la République qui serait… en plan.

Éditorial

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