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Le risque de la discrimination positive

Le troisième volet de notre série sur la mutation sociale de 1968 à 2018 montre, de manière éclairante, l’évolution du regard de la société sur le handicap. Il y a cinquante ans, les handicapés étaient ignorés – voire moqués et désignés sous des vocables péjoratifs comme « estropiés » ou « zandicapés » – et donc marginalisés et discriminés. Au fil du temps, et à force de combats militants, les lois ont ouvert la voie à l’intégration et même, selon le terme désormais consacré, à l’inclusion des personnes en situation de handicap. Le quatrième plan « autisme » présenté il y a quelques semaines par le gouvernement s’articule autour de cet objectif d’inclusivité à l’école, dans la vie sociale et dans le milieu du travail. Les entreprises d’au moins 20 salariés doivent compter 6 % de personnes handicapées dans leurs effectifs.

Aujourd’hui, personne ne remet en cause cette évolution, et le discours dominant est même d’aller plus loin. Mais jusqu’où ? Il y a un côté politiquement correct dans cette unanimité. Un baromètre sur le handicap dans le travail (voir page 6) révèle que 97 % des entreprises affirment être favorables à l’intégration des personnes handicapées. Mais, dans la vraie vie, 57 % indiquent avoir d’autres priorités.

Hypocrisie, méritant sanction et relèvement des quotas ? Ce n’est pas si simple. Intégrer une personne handicapée est – il faut en avoir conscience – complexe pour une entreprise. Non seulement, il faut adapter le poste de travail et plusieurs espaces, mais aussi, d’une certaine façon, faire évoluer la culture de l’entreprise. Cela suppose également une adéquation entre les compétences demandées par les entreprises et celles des personnes handicapées, ce qui n’est pas toujours le cas.

S’il n’est évidemment pas question de remettre en cause la protection de la loi et la stratégie d’inclusivité, il faut y regarder à deux fois avant de s’engager dans la voie du renforcement des obligations et dans le fait de bouger le curseur. Le risque serait, en effet, à partir d’un certain seuil, de basculer de la notion de « quota » à celle de « discrimination positive », ce qui serait à la fois contraire à l’esprit républicain et contre-productif pour les personnes en situation de handicap.

L’enjeu est de prendre le problème en amont et de permettre aux personnes handicapées d’avoir une scolarité et une formation aussi classiques que possible. En d’autres termes, de créer les conditions d’une égalité sur la ligne de départ, ce qui serait le meilleur moyen de dépasser la question de l’intégration.

Au fond – et c’est toute la difficulté – la société doit s’adapter au handicap et donner aux personnes handicapées les moyens de s’adapter à la société. Un impossible mais indispensable équilibre à trouver.

Éditorial

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