Recevoir la newsletter

Le choc des annonces, le poids des pesanteurs

Le Général de Gaulle avait coutume de dire : « L’intendance suivra » pour signifier que le gouvernement et l’administration devaient s’arranger pour que ses réformes visionnaires trouvent rapidement une traduction concrète et s’appliquent sur le terrain.

L’administration – et pas seulement celle de l’Éducation nationale comme l’avait appris à ses dépens un ministre à la fin des années 1990 – est un mammouth qui, par définition, se déplace lentement.

Machine à produire de la circulaire, de la norme et du règlement, le Moloch se prend parfois les pieds dans son propre tapis.

Les politiques, toujours en quête de popularité et de notoriété médiatique, proclament des ambitions grandioses, annoncent des programmes mirobolants et promettent des lendemains qui chantent. Mais ils oublient souvent de regarder derrière eux si la fameuse intendance suit.

Les hasards de l’actualité font que, dans ce numéro d’ASH, se télescopent, jusqu’à la caricature, le choc des annonces et le poids des pesanteurs.

D’un côté, les promesses d’une future stratégie nationale de protection de l’enfance et de l’adolescence venant après celle de la santé et précédant celle de la lutte contre la pauvreté. Le terme de stratégie a une connotation forte, quasi militaire, marquant une vraie volonté.

De l’autre, on apprend que :

• les modalités d’applications du Diplôme d’État d’accompagnement social (DEAES) ont mis trois ans à être élaborées et qu’aucune volonté de valorisation de ce diplôme auprès des étudiants n’a été affichée ;

• l’agrément « entreprise solidaire d’utilité sociale » (ESUS) ne représente que 0,4 % des entreprises de l’économie sociale et solidaire parce qu’il prend la poussière dans un tiroir.

• La révision – on a gardé le meilleur pour la fin – du cahier des charges définissant les règles d’agrément des services à domicile pour les enfants de moins de 3 ans se promène – pour ne pas dire est en vadrouille – quelque part dans les coursives des ministères.

Les lenteurs et les absurdités de l’administration ne sont pas une nouveauté – Courteline les mettait déjà en scène au XIXe siècle – mais ce n’est plus acceptable pour deux raisons.

• Les entreprises, les associations et tous les professionnels du secteur social sont au taquet, submergés par une demande sociale de plus en plus lourde et prégnante. Perdre du temps à être pris dans les filets de l’administration confine à l’indécence.

• À l’heure d’Internet et de l’immédiateté de l’information, le temps s’est raccourci. Le citoyen et le professionnel ne comprennent plus et surtout n’acceptent plus cette distance temporelle qui sépare une annonce de sa réalisation.

« Il faut laisser du temps au temps », était la phrase totémique de François Mitterrand pour faire comprendre qu’il faut laisser le temps à une réforme d’être comprise et admise.

Ce genre d’assertion appartient à un autre… temps.

Pour répondre aux attentes contemporaines, l’administration doit passer des chevaux-vapeurs de Courteline aux micro-processeurs de Bill Gates.

Éditorial

S'abonner
Div qui contient le message d'alerte
Se connecter

Identifiez-vous

Champ obligatoire Mot de passe obligatoire
Mot de passe oublié

Vous êtes abonné, mais vous n'avez pas vos identifiants pour le site ?

Contactez le service client 01.40.05.23.15

par mail

Recruteurs

Rendez-vous sur votre espace recruteur.

Espace recruteur