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La honte, un poison

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Karine Baechler Renou était adolescente quand son père, dépressif et alcoolique, s’est suicidé à l’âge de 35 ans. La culpabilité et la honte ont alors bâillonné la jeune femme. Devenue psychologue, elle s’est spécialisée dans le soin aux personnes ayant vécu des traumatismes. Aujourd’hui, forte de son expérience personnelle et professionnelle, elle a choisi de témoigner. Se livrer comme pour se délivrer. « Nous ne sommes pas condamnés dans ce qui nous lie à notre blessure et qui la nourrit », écrit-elle. Son histoire, l’autrice a mis du temps à se l’approprier tant les mots de son père ont résonné en écho dans sa tête. « Tu sais, heureusement que tu es là, sinon ça fait longtemps que je ne serais plus en vie », lui avait-il dit un jour. Une phrase qui a agi comme un poison au point de se sentir responsable de sa mort, impuissante qu’elle avait été à l’aider, renonçant à lui rendre visite pour ne pas assister à son naufrage. Ce que des proches de la famille n’ont pas hésité à lui faire sentir. Il fallait bien désigner un fautif, trouver une explication, pour que le vernis d’un système familial toxique tienne. Le sentiment de honte et la mésestime d’elle-même ont alors commencé à gangréner sa vie. Comment avait-elle pu penser qu’il suffisait que son père l’aime pour ne pas se détruire ? A partir de là, elle s’est tue et s’est coupée d’une partie d’elle-même. Un mécanisme de défense que les psys appellent la dissociation : « C’est une fragmentation du “soi” qui a pour fonction de tenir à distance le corps, le cœur, pour éviter de ressentir tout ce qui pourrait faire souffrir, à savoir les émotions et les sensations. » Le silence s’est imposé aussi entre elle et sa mère, l’une et l’autre luttant pour rester debout. Il a fallu du temps, un long travail de déminage psychothérapeutique, et des rencontres avec d’autres accidentés de la vie comme elle, pour que les mots soient prononcés, posés, élaborés et que la honte disparaisse. Un livre réparateur.

Notes

« Oser dire la honte » – Karine Baechler Renou – Ed. Chronique sociale, 14 €.

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