Le noir comme symbole de leur colère et de leur épuisement… Ce vendredi 13 novembre, les aides à domicile de la structure Apalib-Domisol, qui opère notamment en Saône-et-Loire, sont appelés à troquer leur tenue de travail habituelle contre des vêtements noirs et un bandeau barré des mots « en grève ». Initiée par la CGT, cette action est menée pour percevoir la prime Covid, dont le versement est jugé tardif et trop peu important. « Cette prime a été versée cet été aux salariés du Ssiad [service de soins infirmiers à domicile] de notre association cet été, par le biais de l’ARS [agence régionale de santé], à hauteur de 1 500 € pour un temps complet. Or nous avons appris que la prime pour les employés du Saad [service d'aide et d'accompagnement à domicile] serait seulement d’une base de 1 000 € et que l’employeur ne voulait pas compléter », s’insurge la secrétaire générale du syndicat CGT, pour qui il s’agit de « discrimination salariale » car les risques pris sont identiques.
Contactée, la direction de l’association confirme qu’elle ne complétera pas la prime versée par le département pour des raisons de moyens et de niveau d’activité. « Ajouter 500 € pour tous nos aides à domicile, soit environ 650 salariés, cela représenterait plus de 300 000 €, a fait savoir la structure. Nous sommes une association à but non lucratif, nous n’avons pas cet argent. »
Incompréhension sur les délais
La CGT reproche par ailleurs au département de Saône-et-Loire de ne pas avoir déjà versé la prime aux différents acteurs de l’aide à domicile. « Nous ne comprenons pas qu’ils aient besoin de tant de temps, alors qu’ils ont reçu les dotations de l’Etat », rapporte la secrétaire générale du syndicat. De son côté, le département assure que le versement aura lieu d’ici la fin de l’année, comme promis. Il explique avoir dû négocier avec l’Etat et devoir désormais voter les attributions financières lors de la commission permanente du 20 novembre. « A charge ensuite pour ces structures de répartir ces sommes aux intervenants à domicile salariés de leur entreprise ou association. »
Autre revendication de la CGT : permettre aux aides à domicile de rester confinés s’ils sont positifs au Covid-19 bien qu’asymptomatiques. « Nous avons appris lors d’une réunion du CSE [comité social et économique] qu’en cas de Covid asymptomatique, les aides à domicile ne pouvaient pas bénéficier d’arrêt de travail, rapporte la secrétaire générale du syndicat. C’est impossible à accepter, car nous restons contagieux malgré tout et nous ne voulons pas prendre le risque de contaminer les patients. » Sur ce point, Apalib-Domisol soutient avoir suivi les recommandations de l’ARS début septembre pour faire face au manque de personnel, et assure que désormais tout salarié testé positif au coronavirus, asymptomatique ou non, est placé en arrêt de travail durant sept jours.
Un problème plus large de reconnaissance
La direction de l’association estime que les difficultés rencontrées par ses employés relèvent de problématiques plus larges liées à la reconnaissance durable de ces métiers. « Le travail des aides à domicile est essentiel tout au long de l’année, et pas seulement durant la pandémie », souligne ainsi la structure, qui attend beaucoup des projets de loi en cours. Des paroles loin de convaincre la CGT. « On nous parle du Laroque de l’autonomie, mais je ne me fais aucune illusion là-dessus lorsqu’on voit ce qui est sorti du Ségur de la Sante : des consultations à n’en plus finir, des tables rondes où les acteurs du secteur discutent entre eux… Cela fait des années que ça dure, souffle la responsable syndicale. On n’y croit plus. » En attendant, les aides à domicile d’Apalib-Domisol continueront de porter leur bandeau « en grève » jusqu’à la fin du mois et envisagent une « action plus radicale » d’ici la fin de l’année si leurs revendications ne sont pas entendues.