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EHPAD : une large mobilisation… appelée à se poursuivre

Près d'un tiers du personnel des établissements d'hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD) a fait grève ou a été assigné mardi. Le gouvernement n'a pas modifié son plan pour ce secteur. De nouvelles mobilisations sont à prévoir. 

La grève du 30 janvier a été largement suivie, au moins sous forme de débrayages. Dans l’ensemble des EHPAD, "tous secteurs confondus" (public et privé), le taux de participation (nombre de grévistes déclarés) a été de 10,3 % et le taux de mobilisation (grévistes déclarés et professionnels assignés) de 31,8 %, a annoncé la direction générale de la cohésion sociale (DGCS) dans un communiqué diffusé ce mercredi. Elle précise que "les mesures d’anticipation prises par les directeurs des établissements en lien avec les agences régionales de santé [ARS] et l’engagement des équipes ont permis de maintenir la qualité et la sécurité de la prise en charge des patients et résidents".

Dans de nombreuses villes ont eu lieu des rassemblements. Pour les 18 les plus importants, l'Agence France Presse (AFP) a recensé au moins 6 000 personnes dans la rue. Il faut y ajouter celles qui ont manifesté à Paris devant le ministère des Affaires sociales et de la Santé : 550 d'après la police, un millier selon certains organisateurs. "Donnez-nous les moyens de la bientraitance" "On n'en peut plus, on ne lâche rien", "Embauchez dans les EHPAD", pouvait-on lire sur les banderoles.

Une délégation de la large intersyndicale (CGT, FO, CFDT, SUD, UNSA, CFE-CGC et CFTC) a été reçue par le cabinet de la ministre, Agnès Buzyn. Elle en est ressortie déçue, le ministère s'en tenant aux annonces faites le 26 janvier : 50 millions d'euros supplémentaires et des missions d'appui pour les EHPAD "en difficulté", une médiation sur la réforme de la tarification (confiée à Pierre Ricordeau, inspecteur général des affaires sociales) et des enquêtes de satisfaction auprès des résidents.

Les syndicats et l'Association des directeurs au service des personnes âgées (AD-PA) jugent ces mesures insuffisantes. Pour mémoire, leur principales revendications sont les suivantes : porter le taux d'encadrement à "un agent par résident" (contre un peu plus de 0,6 actuellement), améliorer les rémunérations et abroger la réforme de la tarification.

La mobilisation devrait donc se poursuivre : les syndicats se réunissaient aujourd'hui même pour débattre des suites à donner au mouvement. FO estime que "pour contraindre le gouvernement à répondre aux revendications, seul le rapport de force par l'organisation de la grève totale est posé". La CGT pour sa part veut "prendre toute sa place dans les prochaines mobilisations tant que les justes revendications des personnels ne seront pas entendues par le gouvernement".

Pas d'unanimité chez les gestionnaires d'EHPAD

En attendant, la réforme tarifaire, lancée le 1er janvier 2017, continue de diviser les employeurs : la Fédération hospitalière de France (FHF), prenant "acte" de la grève sur un ton très compréhensif, a demandé au gouvernement l’ouverture de négociations car elle juge que le secteur public est lésé par le nouveau mode de calcul. De son côté, la Fédération nationale des associations de directeurs d'établissements et services pour personnes âgées (Fnadepa), qui représente des EHPAD publics comme privés, s'est déclarée "solidaire du mouvement social". L'organisation "ne saurait se satisfaire" des 50 millions d’euros, car "cela correspond à 80 euros par résident et par an, soit seulement trois heures d’accompagnement de plus par résident cette année, bien loin des besoins".

A l'inverse, le Syndicat national des établissements et résidences privés pour personnes âgées (Synerpa) regrette "que ce mouvement social vienne s’opposer à la réforme de la tarification des EHPAD". Il juge que son impact est positif, estimant que "plus de 9 EHPAD sur 10 verront leurs financements s’accroître, notamment ceux qui accueillent les résidentes et résidents les plus en perte d’autonomie". Il salue aussi l'octroi des 50 millions d'euros.

La Fédération nationale avenir et qualité de vie des personnes âgées (Fnaqpa, qui réunit des professionnels du secteur gérontologique mais n'est pas une organisation d'employeurs) a fait savoir qu'elle "ne saurait s'associer à ce genre de mouvement" social. Elle rappelle qu'elle "n'est pas favorable au retrait pur et simple des réformes en cours" qui "souffrent surtout d'une mauvaise application". Pour autant elle "comprend le malaise des professionnels de terrain, et considère que la qualité de vie au travail est un élément fondamental de la qualité de vie des personnes âgées accompagnées".

Son directeur général, Didier Sapy, contacté par les ASH, s'est montré partagé sur les annonces faites par Agnès Buzyn. L'annonce d'enquêtes de satisfaction des résidents le laisse sceptique car cela existe "depuis plus de 20 ans" et elles montrent, selon lui, qu'une "immense majorité" des personnes hébergées sont satisfaites de leur prise en charge. Au sujet des 50 millions d'euros, "je ne suis pas sûr que ce soit la bonne réponse aux problèmes structurels" des EHPAD, a-t-il estimé. En revanche, il s'est montré très intéressé par l'idée de la ministre de "mieux financer les EHPAD qui vont faire un travail spécifique sur la prévention de la perte d'autonomie", possiblement à partir de 2019.

Didier Sapy milite pour que ces financements supplémentaires valorisent aussi la qualité des prises en charges, qui ne sont pour l'heure par prises en compte par la tarification. Il a bon espoir que cette idée soit mise à l'étude par le ministère. Quant à la médiation à venir sur la réforme tarifaire, le directeur de la Fnaqpa la juge "très utile", car elle pourrait permettre de corriger les disparités d'application des textes et leurs interprétations variables suivant les ARS et les départements.

 

 

#balancetonEHPAD : la parole libérée

La grève du 30 janvier a occasionné un afflux de témoignages sur les maisons de retraite. Sur le réseau social Twitter, les messages marqués du mot-dièse #balancetonehpad s'accumulent. Par exemple : "Etant infirmière, si je veux respecter ma fiche de poste, j'ai 1h30 le matin et 35 minutes le midi/soir pour vérifier et distribuer les médicaments à 70 résidents. Des erreurs ? Non, jamais..." Une autre soignante recense "une seule douche par semaine par résident" et "deux voire trois toilettes à partir de 5h30/6 h pour avancer les collègues de jour". Elle précise : "Oui, oui, on les réveille ! Je suis passée de nuit car je ne supportais plus l'ambiance de jour. Et je sais que c'est bien pire ailleurs..."

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