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Éditorial - Handicap, universalité et coups de canifs

Comment améliorer concrètement la situation des personnes handicapées ? C’est à cette question que les acteurs de la conférence nationale du handicap devront répondre ce 11 février.

Réunis à l’Élysée autour d’Emmanuel Macron, les représentants des soignants, des personnes handicapées et des aidants afficheront – évidemment – les sourires, les réserves et les attitudes de circonstance. Si des mesures fortes sont espérées, en particulier sur le plan financier, l’événement risque d’accoucher d’une souris en termes d’annonce. Mais au fond, est-ce vraiment le sujet ? Au-delà des discussions budgétaires et des chicaneries administratives, cette conférence est l’occasion de faire un bilan de la grande avancée législatives de 2005. Ce texte fondateur a indéniablement produit des effets structurants positifs. Il a d’abord rendu le sujet universel, ce qui n’est pas la moindre de ses victoires. Il a ensuite placé la personne au centre des dispositifs, la rendant institutionnellement actrice de sa propre situation. Il a enfin sorti le handicap psychique du trou obscur dans lequel il fut trop longtemps relégué. Dans l’esprit de la loi, accessibilité et compensation devenait enfin les deux faces d’une même pièce. Mais 15 ans plus tard, force est de constater qu’une loi, même socialement juste et convenablement rédigée, n’est pas à elle seule performative. Les promesses non tenues en matière d’accessibilité sont autant de coups de canifs à ce contrat social portés à l’époque sur les fonds baptismaux. Évoquer une société inclusive à l’aune de la réalité des personnes concernées, c’est accepter de facto un modèle low cost qui laisse les plus faibles, les handicaps les plus lourds, les moins adaptables sur le bord du chemin. Sur le plan de l’emploi aussi, l’écart est abyssal entre, d’une part, les ambitions initiales de la loi et d’autre part le chiffre de 500 000 chômeurs handicapés que compte à ce jour notre pays. Le besoin d’accomplissement par le travail est pourtant flagrant lorsque l’on prend la peine de visiter un ESAT, de rencontrer un autiste Asperger ou une personne atteinte de trisomie. Fortement décriés socialement depuis leur accession au pouvoir, Édouard Philippe et Emmanuel Macron s’honoreraient à suivre le conseil de Marie-Anne Montchamp, la cheville ouvrière de la loi de 2005, qui milite désormais pour que la reconnaissance des droits des personnes handicapées soit pensée en amont de la réflexion législative. Et non plus en aval. La société y est prête, comme le prouve la popularité de nombreux comptes Facebook et Instagram de personnes concernées. Nos gouvernants le sont-ils aussi ?

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